Cela fait maintenant une paire d’années que nous entendons parler du body positive. Il faut s’aimer et aimer son corps. Ce sont les réseaux sociaux qui ont fait prendre de l’ampleur à ce mouvement international, montrant que les corps normés n’étaient pas les seuls valables. Mais il remonte à plus longtemps que ce que tu peux imaginer. Dans cet article, Les Effronté.e.s t’explique d’où vient le mouvement body positive et ce que c’est exactement. Et aussi pourquoi il n’est plus vraiment d’actualité, repris par le marketing de certaines entreprises. Comment faire pour mieux vivre avec son corps et sa sexualité ?
Attention, cet article fait mention de TCA (Troubles des Conduites Alimentaires) et de mort. Si tu ne te sens pas très bien, ne lis pas l’article. Si tu as besoin d’aide, il existe des numéros verts dont tu as la liste ici.
D’où vient le mouvement body positive ?
Les origines du body positive
Bien moins récent que nous pourrions penser, le mouvement body positive est né en 1996 ! C’est aux Etats-Unis que cela commence grâce à Connie Sobczak et Elizabeth Scott et à leur association The Body Positive. Derrière cette association, il y a une volonté d’aider les personnes à retrouver une sérénité avec leur corps. The Body Positive a été fondé suite au décès de la sœur de Connie, qui souffrait de Troubles des Conduites Alimentaires (TCA). Avec cette association, les deux femmes souhaitent créer « une communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants qui maintiennent les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps« .
Les TCA, en France, représentent près d’un million de personnes dont la moitié n’est pas dépistée et n’a donc pas accès à des soins adaptés. Les TCA regroupent différentes maladies comme l’anorexie mentale ou la boulimie. Tous ces troubles ne sont pas étudiés de la même manière et sont encore mal connus, notamment sur leurs causes. Mais les messages de la société sur les standards de beauté ne doivent probablement pas aider les personnes qui en sont atteintes. « Offrir un espace d’expression à tout le monde, sans jugements, critiques et comparaisons » est important pour Connie et Elizabeth. C’est de cette manière que le mouvement body positive est né !
Dans les années 2010, les réseaux sociaux s’emparent du mouvement, qui prend alors de l’ampleur. Il fait de plus en plus d’émules : en 2018, le hashtag #Bodypositive comptait plus de 6 millions d’occurrences sur Instagram. Et si nous en croyons les données de Meta (Facebook et Instagram), ce hashtag compte maintenant 19 millions d’occurrences sur Instagram et plus de 3 millions sur Facebook. Le body positive a été repris par de nombreux·ses anonymes. Mais également par des célébrités, contribuant à l’expansion du mouvement : de la mannequin Ashley Graham à l’humoriste Céleste Barber, en passant par la championne de tennis Serena Williams.
C’est quoi exactement ?
Maintenant que nous savons d’où il vient et comment il est né : qu’est-ce qu’est vraiment le mouvement body positive ? Il s’agit d’un mouvement qui vise à reconnaître et accepter l’ensemble des morphologies. Bienveillance et inclusivité sont de mise. Ici, tous les corps sont accueillis qu’ils soient minces, ronds, gros, valides, avec un handicap visible ou non et quelque soit la couleur de peau. Bref, l’idée est de rendre visible tous les types de corps, notamment ceux invisibilisés habituellement, qui sont « hors-normes« . Et d’apprendre qu’ils peuvent tous être beaux.
Il s’agit donc un peu de contrer les pseudos standards de beauté auxquels peu de personnes ressemblent. C’est en voyant des corps qui ressemblent aux nôtres (peu importe ce à quoi nous ressemblons) que nous pourrons commencer à changer notre regard sur notre propre corps et à l’accepter. Montrons tous les corps, montrons les vergetures, la cellulite, les bourrelets, normalisons tout ça. Arrêtons de nous comparer à des standards inatteignables et notre santé mentale s’en portera mieux. C’est promis !
Le mouvement body positive existe-t-il encore ?
Face à l’ampleur du mouvement, les enseignes de prêt-à-porter et de lingerie décident de surfer sur la vague. Elles commencent à faire des campagnes publicitaires avec des mannequins « grandes tailles« . Généralement, ces mannequins font du 40 ou du 42. Les marques proposent également plus de diversité dans la gamme de tailles et les coupes des vêtements. Ce qui peut sembler être une bonne initiative finit par ne plus l’être. Lorsque ces mêmes enseignes ne se servent du mouvement body positive que comme d’un argument marketing de vente.
L’objectif du body positive était de visibiliser les corps que nous ne voyons pas habituellement : des personnes de couleur, en fort surpoids, voire en obésité, des personnes avec des maladies et des handicaps visibles… Certain·e·s militant·e·s dénoncent alors la récupération du mouvement par des personnes ayant des corps proches de la norme. Oui, tous les corps doivent être montrés mais pas au détriment de celleux que le mouvement auraient dû mettre en avant.
Dernier reproche (et non des moindres) : le discours body positive peut être vu comme une nouvelle injonction. Celle d’aimer et d’accepter son corps à tout prix. Sauf que, chez certaines personnes, les complexes sur le physique sont profondément ancrés et ne sont pas si simples à défaire. En voyant tant de messages et tant de personnes qui disent qu’il faut « aimer son corps, l’accepter tout entier et le remercier parce qu’on en a qu’un« … Cela peut générer du stress et un mal-être parce que nous n’y arrivons pas.
Le body neutrality prend la place du body positive depuis quelques années. Le body neutrality, contrairement au body positive, n’est pas axé que sur le physique et l’acceptation de son corps. Ce nouveau mouvement incite à ne plus se considérer uniquement par son corps, à accepter ses imperfections et ses insatisfactions. Mais surtout il incite à se concentrer sur son bien-être général, ses ressentis et ses victoires du quotidien.
Mieux vivre avec son corps et sa sexualité dans une société normative
Les complexes sur le corps peuvent avoir un impact direct sur la sexualité. Imagine qu’une personne n’aime pas son ventre, iel le trouve trop gros, pas assez musclé ou trop mou. Peut-être que cette personne va alors développer des réflexes d’évitement dans sa vie sexuelle. Par exemple, éteindre la lumière avant de se mettre nu·e ou éviter les positions où saon partenaire pourrait voir son ventre… Bref, se mettre la pression pour cacher ce qu’iel perçoit comme un défaut physique et diminuer le plaisir de passer un moment intime avec saon amant·e. Parfois, l’image que tu as de toi-même a des répercussions sur ton intimité. Et parfois, pas du tout.
Si c’est le cas et que tu souhaites savoir comment essayer de mieux vivre avec ton corps (et avec ta sexualité), nous pouvons te donner quelques pistes de réflexion. Ce ne sont pas des solutions miracles mais cela pourrait peut-être t’aider à trouver ce qui te fait du bien.
- Fais des choses qui te font du bien, qui te font te sentir fort·e, puissant·e. Il s’agit de prendre confiance en toi et en tes capacités. Cela boostera ton estime de soi et c’est déjà une grosse étape.
- Ecris-toi des mots d’encouragements. Cela peut sembler bête au début de t’écrire des compliments à toi-même. A terme, cela va te faire du bien de voir ces mots qui te complimentent et t’encouragent.
- Fais la liste des choses que tu aimes chez toi. Que ce soit par rapport à ton physique ou non. Ici, cela va te permettre de te focaliser sur le positif et le beau que tu vois en toi.
- Mets en avant toutes ces choses que tu viens juste de lister. Si c’est quelque chose en lien avec ton physique, habille-toi de manière à le mettre en avant. Si ce n’est pas en rapport avec ton corps, tu trouveras sûrement un moyen de te mettre en lumière. En te focalisant sur toutes ces choses, ta confiance en toi va augmenter.
- Liste les choses que tu aimes le moins chez toi et essaie de le tourner en quelque chose de positif. Ce n’est pas un exercice évident à faire. Et tu n’aimeras probablement toujours pas énormément ce que tu viens de lister. Mais cela te permettra au moins de prendre un peu de recul.
Il existe de multiples manières de se voir différemment. Cela ne sera pas forcément facile et tu n’y arriveras peut-être pas tout de suite (ou pas du tout). Prends le temps qu’il te faut et sois indulgent·e avec toi-même. Chacun·e son rythme.
Nous voudrions conclure cet article en te disant que tu n’es pas obligé·e d’aimer ton corps :
- tout de suite (ou même jamais),
- de manière inconditionnelle,
- en entier,
- tout le temps,
- dans tous tes vêtements,
- dans toutes les situations,
- dans toutes les périodes de ta vie.