Le clitoris est un organe fabuleux. Il est dédié uniquement au plaisir chez les personnes possédant une vulve. C’est l’une des parties du corps humain qui possède le plus de terminaisons nerveuses. Même si, en réalité, l’organe qui possède le plus de terminaisons nerveuses est… (roulements de tambour) la peau ! Mais ce n’est pas le sujet de cet article. Revenons à nos cochons !
Le clitoris a longtemps été oublié dans les livres scolaires (et dans la sexualité), certaines personnes ne savent même pas qu’elles en possèdent un. Et savent encore moins le placer au niveau de leur anatomie. Il est temps de rectifier tout ça ! Accroche-toi, on est parti·e·s !
La grande histoire du clitoris
De découverte en redécouvertes
Tout commence… dans la Grèce antique ! Avec ce bon vieil Hippocrate. Alors, à cette époque, il ne l’appelle pas clitoris. Mais il constate qu’il existe cette structure chez les personnes dotées d’un vagin. Il émet d’ailleurs l’hypothèse qu’il faut avoir un orgasme pour que la personne puisse être fécondée, et donc enfanter. Franchement, ça commençait bien cette histoire. D’ailleurs jusqu’à la fin du 16ème siècle tout se passait bien :
- au 13ème siècle, Saint Albert le grand (oui, c’est un homme du clergé) découvre que le clitoris et le pénis ont une structure similaire et une origine commune ;
- au 16ème siècle, Mateo Realdo Colombo et Gabriel Fallope (des anatomistes) font les premières descriptions anatomiques complètes de cet organe. Dont la fonction érogène est alors clairement identifiée.
A ce moment-là, le clitoris est représenté dans la littérature scientifique et médicale. C’est après que ça se gâte… Vers le 19ème siècle, lorsque les médecins s’aperçoivent que le clitoris n’a aucun rôle dans la reproduction.
A cette époque, le clergé et la société scientifique font disparaître le clitoris des manuels d’anatomie, puisqu’il est n’est pas nécessaire à la reproduction. La masturbation devient interdite (pour tout le monde, pas seulement les personnes ayant un clitoris) : la sexualité est donc limitée à la sexualité reproductive. Puis, au début du 20ème siècle, ce bon vieux Monsieur Freud (Sigmund de son prénom) enfonce le clou avec la théorie de l’orgasme clitoridien et vaginal. Le clitoris devient alors le centre de tous les maux de la Terre. On se met à soigner l’hystérie (qui n’est pas une vraie maladie, si jamais tu te posais la question) par l’excision du clitoris ou la masturbation médicalement assistée. Va voir ce qu’est le marteau de Granville, pour comprendre la souffrance que cela devait être. Bref, c’est la débandade !
Il a fallu attendre 1998 (et Helen O’Connell) pour (re)découvrir le clitoris : sa taille réelle, son emplacement et l’importance qu’il a dans le plaisir. Puis, en 2009, Odile Buisson fournit la première image échographique en 3D du clitoris et met en avant le fonctionnement de ce dernier. Le clitoris ne réapparaitra, avec une description complète, dans les manuels de science qu’en 2017. Il était temps !
Le développement d’un clitoris
A l’origine, nous n’avions pas d’appareil génital. En tout début de grossesse, le fœtus commence à former l’ensemble des organes internes mais c’est encore un peu flou. Sans faire un cours de biologie, il faut juste retenir que nous avions toustes les mêmes cellules (qu’on appelle les gonades). Et ce n’est qu’à partir du second mois de grossesse que les organes génitaux internes (ovaires, testicules, etc.) et externes (clitoris, pénis, etc.) vont réellement se former et se différencier. Tout cela est possible grâce à certains gènes que le fœtus porte (ou ne porte pas) et également grâce à la testostérone (sa présence ou son absence). La formation de ces organes se fait donc, initialement, à partir des mêmes cellules. C’est pourquoi le clitoris et le pénis ont une structure et un fonctionnement similaires.
À quoi ressemble le clitoris ?
Le clitoris mesure, en moyenne, 11 cm de long. Il est beaucoup plus grand que ce que tu peux apercevoir puisque la majeure partie du clitoris est interne. Seul le gland du clitoris est externe. Sur le schéma ci-contre, tu as une vue d’ensemble de l’appareil génital féminin avec l’emplacement du clitoris (en rouge). Histoire de le situer correctement.
Si nous faisons un focus sur le clitoris lui-même, nous retrouvons :
- Le gland du clitoris se situant à la jointure des lèvres internes, communément appelées « petites lèvres » (à tort, parce qu’elles peuvent être plus grandes que les « grandes lèvres »). C’est la partie la plus accessible, car externe, lors des rapports sexuels et la plus sensible aussi ;
- La tige du clitoris est le prolongement du gland. Il est interne mais tu peux le sentir à travers la peau, juste au-dessus du gland. Parfois, certaines personnes préfèrent stimuler la tige plutôt que le gland du clitoris : c’est une question de sensibilité et de préférence ;
- Le frein (aussi appelé capuchon) est la petite partie de peau externe, sous le gland du clitoris, entre les lèvres internes. Si tu as fait un peu attention, tu auras remarqué que certains termes sont également employé pour des pénis… ;
- Les bulbes du clitoris (bulbes vestibulaires) sont « à cheval » sur l’entrée du vagin (en interne) et l’urètre. C’est aussi pour cela que la pénétration peut être très chouette. Parce qu’elle peut stimuler les bulbes du clitoris. Evidemment, il y a d’autres choses qui rentrent en compte mais c’est un sujet traité dans un autre article ;
- Les piliers du clitoris entourent l’urètre. Cela peut expliquer le fait que certaines personnes puissent prendre du plaisir avec leur urètre (par pénétration urétrale notamment) ;
- Le corps du clitoris est à la jonction des piliers, juste en dessous de la tige.
Comment fonctionne cet organe du plaisir ?
Un organe érectile
Si nous te disons « érection« … Est-ce que tu penses uniquement au pénis ? Si c’est le cas, tu n’as pas tort. Mais tu n’as pas entièrement raison non plus. Car le clitoris entre également en érection sous l’effet de l’excitation sexuelle. Cela s’explique par le fait que le pénis et le clitoris ont une structure similaire. Les bulbes et les piliers clitoridiens sont composés de tissus que nous retrouvons au niveau de l’anatomie du pénis : c’est la verge en elle-même. Nous l’avons dit précédemment : le pénis et le clitoris se développent à partir des mêmes cellules pendant la grossesse. Cela semble donc logique que ces deux organes fonctionnent de manière similaire.
Sous l’effet d’une stimulation sexuelle, les bulbes et piliers clitoridiens se gonflent de sang. Cet afflux de sang est responsable de l’érection du clitoris. Même si elle reste moins visible que celle du pénis puisque la partie visible du clitoris, le gland, mesure entre 4 et 6 mm de long (en moyenne).
L’importance de connaître son corps
Pour rendre la lecture de ce paragraphe plus fluide, nous allons parler de jeunes filles pour désigner les jeunes personnes à vulve et de jeunes garçons pour parler des jeunes personnes à pénis.
Le rapport HCE (Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes) de 2016 sur l’éducation sexuelle montre quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
- 84% des jeunes filles de 13 ans ne savent pas représenter leur propre sexe, mais 47% savent représenter le sexe masculin ;
- 50% des jeunes filles de 13 ans (et 25% des filles de 15 ans) ne savent pas qu’elles ont un clitoris ;
- 83% des jeunes filles et 68% des jeunes garçons ne connaissent pas la fonction du clitoris.
En quoi est-ce un problème nous diras-tu ? Car la méconnaissance du sexe et du plaisir féminin rend plus difficile l’acceptation de son corps (et de celui de l’autre) ainsi que la capacité à résoudre les problèmes de santé liés à la sexualité. Cela entretient également un certain tabou autour de ces organes et donc les difficultés pour donner et se donner du plaisir. Tout cela, que nous soyons à l’âge adolescent ou adulte. Car la construction de notre sexualité se fait à partir de la puberté (voire avant).
Pour arriver à une sexualité épanouie, positive et égalitaire, il est donc nécessaire de connaître son corps et celui de l’autre. A celleux qui se disent que « on peut pas parler de ces choses-là à des ados, ça va les inciter à faire l’amour plutôt » : de nombreuses études prouvent que l’éducation à la vie sexuelle et affective permet de retarder l’âge du premier rapport sexuel. Cette éducation permet également de réduire les risques de grossesse non désirée et la contraction de certaines IST (Infections Sexuellement Transmissibles).
A présent, tu sais tout de l’anatomie du clitoris et son rôle (au moins les bases). Si tu es curieux.se et à l’aise, tu peux aller explorer ta vulve ou celle de taon partenaire pour vérifier tout ça. S’explorer soi-même et l’autre est le début pour une sexualité épanouie (celle où tu te sens bien). Alors, pas de raisons de s’en priver !