La sexualité est encore un sujet tabou. La médecine sexuelle est donc parfois obscur ou peut faire peur. Voire les deux. Parler à un·e médecin à propos d’une gêne, d’une douleur au niveau de nos parties génitales ou d’un mal-être concernant notre sexualité peut sembler gênant. Mais c’est tout aussi important d’en parler que d’aller voir saon médecin pour une rage de dents. Et si nous te donnions quelques infos pour démystifier les sujets de santé et de médecine sexuelle ?


Différences entre sexologie et médecine sexuelle

Qu’est-ce que la sexologie ?

La sexologie est l’étude de la sexualité humaine. Depuis ses processus psychologiques, physiques et physiologiques en passant par le traitement des troubles sexuels. Elle englobe de nombreuses spécialités telles que :

  • la sociosexologie : l’étude de la sexualité à travers un prisme sociologique et sociétal,
  • la psychosexologie : l’étude des liens entre la psychologie et la sexologie,
  • les conseils et thérapies sexuels,
  • la recherche et la pratique sexologiques.

Mais aussi l’éducation à la sexualité dans sa globalité et… la médecine sexuelle !

Qu’est-ce que la médecine sexuelle ?

Tu l’as compris, la médecine sexuelle est une « branche » de la sexologie. Elle a pour objectif d’améliorer la santé sexuelle grâce à la prévention, le diagnostic et le traitement des troubles sexuels. Cependant, elle n’est pas une spécialité enseignée et reconnue comme telle, en France. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de diplôme en médecine sexuelle, comme cela existe pour la médecine générale, par exemple.

La médecine sexuelle est dite transversale. Cela veut dire que le·la praticien·ne aura une spécialité (par exemple, la gynécologie ou l’andrologie) à laquelle viendra s’ajouter des compétences en médecine sexuelle. Le problème de la personne est alors pris en charge dans son ensemble.

Quand aller consulter ?

La réponse courte est : quand cela a un trop gros impact pour toi. Il existe différents troubles qui peuvent affecter la vie sexuelle. Nous en avions parlé dans des articles dédiés aux personnes à vulves ou à pénis. Les variations de libido peuvent également impacter ta vie intime, mais ce n’est pas forcément grave. La libido fluctue avec de multiples facteurs. Mais si cela ne te convient pas, tu peux toujours aller consulter un·e spécialiste.

Il ne faut pas confondre la performance et la santé sexuelle. Nous avons tous·tes des idées préconçues sur le sexe et, dès lors que nous nous écartons du « scénario« , nous pouvons avoir tendance à penser qu’il y a un problème. Ce n’est pas toujours le cas. Le diagnostic d’un trouble sexuel (quel qu’il soit) se fait sur la durée. Il peut arriver d’avoir des difficultés ponctuelles dans sa vie intime, à cause de la fatigue, du stress ou d’un traitement. Le trouble sexuel c’est lorsque cette difficulté survient à chaque fois pendant au moins 6 mois. Cela dit, si tes difficultés ponctuelles t’impactent fortement moralement, n’hésites pas à aller consulter un·e sexologue ou un·e psychologue pour t’aider.

Un dernier point : n’oublies pas que ce n’est pas normal d’avoir des douleurs au niveau de tes parties génitales. Si tu éprouves une douleur, qu’elle soit continuelle ou ponctuelle (au moment d’un rapport sexuel par exemple), il faut aller consulter un·e médecin. Ne sois pas gêné·e d’en discuter avec ellui : c’est son métier.


Les spécialistes en médecine sexuelle

Maintenant que nous sommes au point, Les Effronté.e.s te propose une liste (non exhaustive) des différents types de médecins que tu peux aller consulter, en cas de problèmes.

Médecin généraliste

Le·la médecin traitant·e est souvent un bon point d’entrée dans un parcours de soin. En cas de problème avéré, de sensations de gêne ou de questions, tu peux prendre RDV avec taon médecin traitant·e. Iel a l’avantage de connaître ton parcours médical et pourra t’orienter vers les bons professionnel·le·s de santé dans le cas où iel n’a pas de formation en sexologie.

Tu peux également choisir de prendre RDV avec un·e médecin généraliste qui a une formation en sexologie, pour être certain·e de recevoir les conseils appropriés. Cela te permet aussi d’avoir une prise en charge de ta consultation par la Sécurité Sociale.

Gynécologue

Le·la gynécologue est un·e spécialiste de l’appareil génital des personnes à vulves. Le·la praticien·ne est présent·e pour de nombreuses étapes de vie : puberté, contraception, grossesse, accouchement, ménopause… Iel a un rôle de :

  • prévention pour des maladies comme les IST (Infections Sexuellement Transmissibles) ou les cancers : frottis, examen vaginal, palpation mammaire ;
  • diagnostic et traitement lorsqu’une affection est détectée ;
  • suivi pour toutes les personnes à vulves. Le suivi est recommandé tous les ans pour les personnes actives sexuellement avec un frottis tous les 2 ou 3 ans ;
  • prescription pour les contraceptifs.

Bref, nous te recommandons d’aller voir un·e gynécologue si :

  • tu as une vulve,
  • tu as un problème physique au niveau de ton appareil génital,
  • tu as un souhait de contraception et/ou de grossesse.

Andrologue

L’andrologue est le·la spécialiste de l’appareil génital des personnes à pénis : c’est donc le·la médecin équivalent·e au ou à la gynécologue. Il existe différentes branches dans l’andrologie telles que l’endocrinologie (pour les dérèglements hormonaux) ou l’urologie (pour les problèmes de prostate ou de vessie par exemple). Les andrologues peuvent également se spécialiser sur certaines problématiques : la reproduction, les troubles sexuels, les problèmes liés à l’âge ou certaines pathologies (de la prostate, par exemple).

Peu de personnes consultent un·e andrologue. Mais il n’y a aucune honte à aller voir un·e spécialiste si jamais il y a un problème, une gêne ou une question liée à ton appareil génital.

Urologue

L’urologue est le·la médecin spécialisé·e dans la santé de l’appareil urinaire. Que tu aies une vulve ou un pénis, tu peux aller consulter un·e urologue. Dans l’imaginaire collectif, nous pourrions penser, à tort, que l’urologue est réservé·e aux personnes à pénis. Cette croyance est probablement due à l’apparition de l’andrologie au 20ème siècle qui a ajouté la partie reproduction, fertilité et sexualité aux champs d’actions de l’urologue. Quel que soit ton sexe biologique, nous te conseillons d’aller voir un·e urologue si :

  • tu as des infections urinaires,
  • tu fais de l’incontinence,
  • tu as une maladie ou une gêne au niveau des reins, de la vessie, de la prostate ou des testicules.

Sexologue et sexothérapeute

Les sexologues et sexothérapeutes ont plus ou moins la même mission : traiter les problématiques sexuelles d’origine psychologique. Cependant, les pratiques et le rôle de chacun·e sont bien distincts car les formations sont différentes :

  • les médecins sexologues. Ce sont des médecins (urologue, andrologue, gynécologue, généraliste, etc.) ayant suivi une spécialisation en sexologie. Iels vont pouvoir prendre en charge des troubles sexuels liés à une pathologie, faire des examens physiques, prescrire des examens complémentaires et des médicaments si besoin. La consultation est remboursée à 70% par la Sécurité Sociale.
  • les sexothérapeutes ou sexologues clinicien·ne·s. Il ne s’agit pas de médecins mais ces personnes sont souvent issues du milieu de la santé et ont suivi une formation complète en sexologie. Il peut s’agir de psychologues, de sages-femmes, voire d’assistant·e·s sociaux·ales ou d’éducateurices spécialisé·e·s. Iels exercent la sexothérapie en se concentrant sur la communication, les émotions, croyances et comportements au sein d’une relation intime. Iels vont utiliser des techniques d’analyses comportementales, l’entretien clinique ou encore de la sexo-analyse. Il est possible de venir accompagné·e de saon partenaire si cela est nécessaire. Les consultations ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale mais certaines mutuelles peuvent prendre en charge partiellement quelques séances.

Avant d’aller consulter l’un·e ou l’autre, pense à bien vérifier la formation de la personne pour être certain·e de son sérieux et des actes qu’iel a le droit de pratiquer. Le terme sexothérapeute est souvent employé pour des personnes prodiguant des conseils en matière de sexualité. Attention, tous·tes n’ont pas suivi de formation en sexologie.

Comment trouver saon praticien·ne ?

Généralement, c’est le·la praticien·ne qui va te rediriger vers le confrère ou la consœur qu’il te faut, s’iel ne sait pas résoudre ton problème. Si ce n’est pas le cas automatiquement, n’hésites pas à lui demander des recommandations. Tu peux également faire tes recherches toi-même grâce à des aides en ligne qui te permettront de trouver la personne qu’il te faut. Par exemple :

  • l’annuaire AIUS (Association interprofessionnelle post-universitaire de sexologie), qui recense les médecins autour de toi, avec leurs spécialités, compétences et CV ;
  • le site participatif Gynandco, qui liste les praticien·ne·s pratiquant des actes médicaux avec une approche féministe. C’est-à-dire qui demandent le consentement avant de pratiquer l’acte, sans propos sexistes, grossophobes, LGBTphobes, etc.
  • des sites spécialisés tels que Charles.co (pour les personnes à pénis) ou Mia.co (pour les personnes à vulves), qui permettent de trouver de nombreuses informations mais également de prendre RDV avec des médecins spécialisé·e·s.

Le bouche à oreille fonctionne également très bien : n’hésites pas à demander des recommandations à tes proches. Et surtout, fais-toi confiance : si tu n’as pas le feeling, cherche un·e autre professionnel·le de santé.


Ne laisse pas ta santé sexuelle de côté, elle est tout aussi importante que n’importe quelle autre. Des études ont montré que le bien-être sexuel améliore le bien-être général d’une personne. Et le bien-être sexuel passe par une bonne santé sexuelle. N’hésites pas à en parler avec tes proches également pour démystifier ce tabou et leur rappeler de prendre soin d’elleux.

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