Lorsque nous parlons de troubles sexuels dits féminins, l’un des premiers troubles qui te vient peut-être en tête est la perte de libido. Sauf que cette dernière, si elle est effectivement un trouble sexuel, peut toucher tout le monde, tout sexe et genre confondus. Il existe de nombreuses autres dysfonctions sexuelles, plus ou moins graves et impactantes. Nous te proposons d’en faire un petit tour d’horizon. Et si tu souhaites aller te renseigner sur les troubles sexuels des personnes à pénis, c’est par ici.
Les troubles sexuels féminins
Qu’est-ce qu’un trouble sexuel ?
Pour qu’un problème intime soit diagnostiqué en tant que trouble sexuel, il faut que les symptômes perdurent depuis au moins 6 mois et qu’ils engendrent une détresse émotionnelle et mentale. En gros, si cela fait plus de 6 mois que tu as des symptômes au niveau de ta vulve et/ou ton vagin et que ta vie intime et affective est impactée : c’est probablement un trouble sexuel.
Il est conseillé d’aller voir taon médecin en cas de doute, pour avoir une prise en charge adaptée. Ta santé est importante, prends-en soin !
Tout comme pour les personnes à pénis, les causes de ces pathologies peuvent être physiques : maladies, prise de médicaments, ménopause, post-partum, consommation excessive de drogue et/ou d’alcool, etc. Un problème psychologique (dépression, angoisse, stress, etc.) peut aussi être à l’origine des soucis que tu rencontres. Une association de ces problématiques est aussi à envisager.
Contrairement aux informations trouvées pour les personnes du sexe opposé, il existerait une dimension contextuelle pour les personnes à vulve. C’est-à-dire que le trouble sexuel pourrait aussi provenir de problèmes dans la relation, d’une mauvaise image de soi, d’une charge mentale trop importante, d’injonctions sociétales et culturelles… Nous ne sommes pas convaincu·e·s que ces causes soient réservés aux personnes perçues comme femmes. Mais il est cependant important de souligner que l’environnement dans lequel nous évoluons peut influencer notre vie intime et sexuelle, quelque soit ton genre et ton sexe biologique.
Les différents troubles sexuels
Chez les personnes à vulves, il existe de nombreux dysfonctionnements de la fonction sexuelle, notamment :
- la difficulté à avoir un orgasme malgré le désir sexuel. Il n’est pas plus difficile pour une personne à vulve d’atteindre l’orgasme. En effet, selon une étude menée par Illana Weizman auprès de 382 femmes cisgenres et hétérosexuelles, plus de 75% arrivent à atteindre rapidement l’orgasme seules. Cependant, ayant écrit un article complet sur l’orgasme, nous ne nous étendrons pas sur ce sujet ;
- les douleurs lors de l’activité sexuelle, notamment lors de la pénétration vaginale (qui n’est pas une obligation). Ces douleurs sont regroupées sous le nom de douleurs génitopelviennes ;
- le manque de désir sexuel. Un article complet sur la libido est disponible ici, nous ne traiterons donc pas de ce trouble dans cet article ;
- une excitation physique excessive sans ressentir de désir sexuel. Ce trouble est connu sous le nom de syndrome d’excitation génitale persistante ;
- d’autres troubles sexuels, qui ne correspondent à aucune des dysfonctions précédemment citées. Les médecins les appellent « autres dysfonctionnements sexuels spécifiés et non spécifiés ». Ce qui veut tout et rien dire. Il s’agit de troubles dont la raison n’est pas identifiée ou dont les symptômes ne concordent pas avec les autres troubles mais déclenchant une détresse émotionnelle.
Il est à noter que les dysfonctions sexuelles chez les personnes à vulves n’ont pas fait l’objet d’études cliniques et scientifiques très poussées, contrairement à celles touchant les personnes à pénis… Alors que 30 à 50% de personnes à vulves ont connu au moins une fois dans leur vie un trouble de la fonction sexuelle. Deux poids, deux mesures en fonction de ton appareil génital : super (non) !
Les douleurs génitopelviennes
Les douleurs génitopelviennes sont des douleurs qui surviennent lors d’un rapport sexuel. Les muscles pelviens se contractent involontairement provoquant des douleurs. Cela empêche la pénétration et, parfois, certaines caresses sont impossibles ou difficiles.
Il en existe deux types :
- la vestibulodynie : une hypersensibilité douloureuse de la vulve ;
- la dyspareunie : une douleur systématique ou récurrente pendant et après des rapports sexuels pénétratifs.
La vestibulodynie
Environ 7% des personnes à vulves souffrent de vestibulodynie. La plupart n’est pas diagnostiquée car :
- il y a un manque d’informations et de connaissances de la part des personnes atteintes (et du corps médical),
- il y a une forme de honte à avoir mal au niveau de son appareil génital,
- certaines personnes pensent que « ça va passer » et qu’il peut être « normal » d’avoir mal lors d’une pénétration (non, jamais !),
- il n’y a pas de lésions visibles et certain·e·s médecins sont mal informé·e·s.
Les causes possibles
La pathologie se déclenche avant 35 ans dans 75% des cas et avant 25 ans dans 50% des cas. Cela commence souvent par des douleurs lors de rapports sexuels pénétratifs ou lorsque la personne insère un tampon dans son vagin, par exemple. Les causes de cette pathologie sont encore mal connues mais parmi les causes physiques fréquentes, nous retrouvons :
- les infections vulvaires et vaginales régulières (par exemple, des mycoses répétées) ;
- la ménopause ;
- certains traitements d’application locale (comme des antibiotiques) ;
- des lavages excessifs et/ou agressifs avec du savon. Nous te rappelons qu’une vulve se nettoie à l’eau claire et d’avant en arrière, pour éviter de ramener des bactéries de la flore anale, au niveau de la vulve ;
- certaines contraceptions hormonales ;
- certaines maladies cutanées.
Des facteurs psychologiques peuvent être aussi à l’origine de la vestibulodynie : traumatismes, troubles psychologiques ou encore stress aigu. Parfois, ces facteurs viennent s’ajouter aux facteurs physiques et aggraver la pathologie : problèmes relationnels avec le·la partenaire, stress et anxiété à l’idée du rapport sexuel, perte de libido, etc.
Quels symptômes ?
L’un des problèmes de la vestibulodynie, c’est que les symptômes peuvent varier d’une personne à une autre. Cependant, il y a quelques symptômes fréquents :
- une douleur intense ressentie au niveau de l’entrée du vagin et qui peuvent remonter dans le bas-ventre et l’abdomen lorsqu’on appuie dessus ;
- des rougeurs peuvent apparaître à l’entrée du vagin ;
- un état de stress et d’anxiété accru, lié à la douleur.
Dans tous les cas, avoir mal au niveau de la vulve et de l’entrée du vagin n’est PAS normal. Si tu es dans ce cas, il faut que tu en parles à un·e professionnel·le de santé. Il n’existe pas de traitement pour soigner la pathologie mais les symptômes et les causes sous-jacentes peuvent être traités. Taon médecin trouvera le traitement adapté pour te soulager : le traitement se fait au cas par cas. N’essaie pas de te soigner par toi-même, tu risquerais d’aggraver le problème.
En parallèle de ta prise de RDV, tu peux masser ta vulve pour soulager les douleurs. Pour savoir comment faire, on t’invite à aller lire l’article de Bimbojam sur le massage vulvaire. Tu y découvriras pourquoi c’est chouette de se masser la vulve et comment le faire.
La dyspareunie
N’importe qui peut être atteint·e de dyspareunie mais la proportion de personnes à vulves est plus importante. Il s’agit d’une pathologie se manifestant par des douleurs pendant et même après une pénétration. Lorsque la pénétration est complétement impossible, il s’agit d’un vaginisme.
Les causes possibles
Les causes de cette pathologie peuvent être psychologiques. Le stress et l’anxiété vont provoquer un manque de lubrification, un traumatisme psychologique (violences sexuelles par exemple), un manque de connaissance de son corps, etc. Un traumatisme physique (tel que l’accouchement) peut également être à l’origine de la dyspareunie.
D’autres causes physiques peuvent aussi être à l’origine de cette maladie :
- une IST (Infections Sexuellement Transmissibles). Il s’agit souvent d’IST telle que la chlamydia ou la gonorrhée. Attention, la plupart des IST sont asymptomatiques, il est donc nécessaire de faire des dépistages complets régulièrement ;
- une infection urinaire. C’est assez courant chez les personnes à vulves. Cela provoque souvent une sensation de brûlure lors de la miction, une envie fréquente d’uriner ou encore une urine trouble et/ou odorante ;
- une sécheresse vaginale. Le manque de lubrification peut rendre la pénétration désagréable, voire douloureuse. Elle peut être due à la ménopause (à cause de la chute d’hormones), une grossesse, un accouchement, un traitement médicamenteux, un stress intense, la consommation de tabac ou d’alcool. Avant de traiter la sécheresse vaginale, il est important d’en identifier la cause ;
- une affection cutanée. La peau génitale est très sensible. Elle peut devenir sèche, irritée et présenter des lésions à cause de certains problèmes cutanés (comme l’eczéma), induisant des douleurs. Comme pour la sécheresse vaginale, il est important d’en identifier la raison afin de traiter le problème sous-jacent et pas seulement les symptômes ;
- une maladie inflammatoire pelvienne (MIP). Il s’agit d’une infection généralisée de l’utérus, des trompes et des ovaires. Ce type de maladie nécessite absolument l’avis d’un·e médecin et un traitement adapté ;
- l’endométriose. Lorsque du tissu utérin se retrouve en dehors de l’utérus, cela peut provoquer de nombreux symptômes. Dont des douleurs intenses lors des rapports sexuels (et en dehors desdits rapports). Va consulter un·e professionnel·le de santé ;
- les fibromes : ce sont des excroissances bénignes au niveau de l’utérus qui, la plupart du temps, sont asymptomatiques. Cependant, dans certains cas, cela peut engendrer des douleurs. Les fibromes se soignent très bien.
Comme tu peux le constater, une dyspareunie peut avoir de nombreuses causes. C’est pourquoi il est nécessaire d’aller consulter taon médecin généraliste. Iel sera en mesure de rechercher la cause de tes symptômes et de t’orienter vers le·la professionnel·le de santé qui pourra te soigner.
Le syndrome d’excitation génitale persistante
Si tu te dis que c’est sympa d’être excité·e tout le temps, c’est que tu confonds probablement la libido et l’excitation physique. Le syndrome d’excitation génitale persistante (SEGP) est tout sauf sympa. Il s’agit d’une excitation physique excessive des parties génitales, qui est involontaire. La personne atteinte va présenter tous les signes d’une excitation physique : gonflement du clitoris, lubrification du vagin, contraction des muscles pelviens. Mais sans ressentir de désir sexuel et sans avoir envie d’entamer une relation sexuelle. Les symptômes peuvent durer entre plusieurs heures à plusieurs mois. Les critères sur lesquels se base le diagnostic ont évolué au cours des études. Le premier cas n’a été décrit qu’en 1994. Ce qui ne signifie pas que d’autres personnes auparavant n’étaient pas atteintes. Mais avant cela, les médecins considéraient ces personnes comme des « hystériques » (au sens médical et sexiste du terme).
Quels symptômes ?
Les symptômes du SEGP sont généralement :
- une excitation génitale permanente. Cette excitation est involontaire, non souhaitée, intrusive, sans rapport avec un quelconque désir sexuel. Et elle ne s’arrête pas suite à une activité sexuelle (masturbation ou rapport sexuel), avec ou sans orgasme ;
- la sensation d’être constamment au bord de l’orgasme ;
- des picotements ou pulsations dans les organes génitaux (que ce soit le clitoris, les lèvres internes ou externes, la vulve) ;
- des douleurs et/ou une pression au niveau de l’appareil génital ;
- du stress, de l’anxiété et de la honte menant à une détresse psychologique.
Les causes possibles
Comme pour de nombreux troubles sexuels, les causes peuvent être soit physiques (problème du système nerveux, varices pelviennes, troubles hormonaux, etc.) soit psychologiques (antécédents de violences sexuelles, dépression, troubles anxieux, etc.) soit une combinaison de ces facteurs. Cependant, les causes précises ne sont pas totalement identifiées, ce ne sont que des hypothèses car ce syndrome est mal connu. Le sentiment de honte des personnes atteintes et le manque d’études significatives sur le sujet ne permettent pas d’identifier précisément qu’elle en est l’origine.
Cela induit également des difficultés de traitement puisqu’il faudra essayer de trouver la (ou les) cause(s) du SEGP avant de proposer une solution efficace. Avant cela, il est possible que le parcours de diagnostic soit long puisque peu de professionnel·le·s de santé sont sensibilisé·e·s sur le sujet. Généralement, les traitements proposés sont complémentaires pour essayer de soigner à la fois les facteurs physiques et psychologiques : de la kinésithérapie pelvienne associés à une thérapie psychologique. La première chose à faire si tu suspectes ce genre de troubles est d’aller consulter un·e professionnel·le de santé, qui saura t’écouter sans te juger.
Si tu souhaites entendre le parcours d’une personne diagnostiquée du SEGP, tu peux aller voir l’interview de Sniéjana par Madmoizelle ici. Attention, il est fait mention de violences sexuelles et de pensées suicidaires : ne regarde pas la vidéo si tu es sensible à ce genre de sujets.
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que la plupart des troubles sexuels sont une association de causes physiques et psychologiques. Ces troubles entraînent une détresse émotionnelle et psychologique. Il ne faut donc pas hésiter à aller voir taon médecin au moindre doute. En particulier si cela impacte ta vie personnelle, intime et affective.