La pornographie féministe est-elle une bonne alternative à la pornographie mainstream1 ? Face à la violence des contenus proposés, l’objectification des femmes et la recrudescence des violences sexistes et sexuelles (VSS), nous pensons que oui ! Mais qu’est-ce que c’est exactement la pornographie féministe ? Et comment y accède-t-on ?


Pourquoi la pornographie mainstream est problématique ?

Des contenus toujours plus violents

Selon le rapport HCE (Haut Conseil à l’Egalité) 2023 sur la pornographie, 90% des vidéos pornographiques accessibles gratuitement contiennent des actes de violences (physique et/ou verbale). Cela peut aller parfois jusqu’à la torture : 13 898 vidéos sont répertoriés avec ce mot clef… Les violences (qu’elles quelles soient) sont très présentes dans les vidéos présentées et sont clairement érotisées.

Les plateformes pornographiques basent leur modèle économique sur la monétisation du trafic. C’est-à-dire que leurs revenus augmentent avec le nombre de vues, notamment via les publicités. Il faut donc générer du trafic. Et pour cela, il faut satisfaire la quête de « nouveauté« . Les contenus sont donc de plus en plus violents et de moins en moins contrôlés. C’est comme cela que des vidéos d’enfants, de viols ou de revenge porn2 se sont retrouvées sur la plateforme Pornhub, par exemple. Il y a également eu des enquêtes qui dévoilaient des réseaux de proxénétisme et de traite d’êtres humains, montrant à quel point ces vidéos sont nocives pour tout le monde.

L’impact de la porno

La pornographie mainstream véhicule des clichés sur la sexualité :

  • la taille du pénis ou des seins,
  • la durée d’un rapport sexuel,
  • l’épilation,
  • la pénétration comme élément central,
  • la femme objet,
  • la violence banalisée…

À force de voir les mêmes schémas se répéter, nous finissons par intégrer que la sexualité doit répondre à certains critères pour être considérée comme satisfaisante. Nous en oublions que nous avons chacun·e nos préférences. Et que ce que nous voyons ne représente pas la réalité pour la majorité d’entre nous.

Nous n’allons pas détailler tous les impacts que le visionnage de pornographie mainstream peut avoir sur notre rapport à nous, à l’autre et à notre sexualité. Cependant, le rapport HCE sur la pornographie montre les impacts suivants :

  • hypersexualisation des corps (majoritairement féminin),
  • anxiété, voire dépression, face à la pression ressentie pour un avoir un corps « conforme« ,
  • comportements sexuels à risque (le retrait du préservatif notamment),
  • troubles sexuels (vaginisme ou perte d’érection) dûs aux images choquantes ou le stress d’être un « mauvais coup« ,
  • désensibilisation à la violence (quelle qu’elle soit),
  • banalisation des violences sexistes et sexuelles,
  • comportements addictifs ou compulsifs…

Bref, il existe des impacts à tous les niveaux. Certains pouvant être très graves : impacts sur la santé mentale et sexuelle, augmentation des VSS, etc.


Parlons pornographie féministe

Face à ces problématiques sur la pornographie, certain·e·s se sont lancé·e·s dans la pornographie féministe… Mais qu’est-ce que c’est ? Et où ça se trouve exactement ?

Pornographie féministe ou éthique ?

La pornographie féministe c’est la volonté de s’opposer à un milieu exclusivement masculin. Ces films sont faits par des femmes, pour des femmes. C’est, en tout cas, l’idée de base. Mais chacun·e peut regarder ces films pornos féministes ! La volonté derrière ce terme est d’apporter une vision et une représentation de la sexualité différentes de la porno mainstream. Ça se passe entre adultes consentant·e·s, respectueux·ses de l’autre, des désirs et envies de chacun·e. La porno féministe a à cœur de représenter des relations sexuelles plus proches de la réalité. Mais également de montrer que ces relations n’ont pas à être violentes pour être excitantes et satisfaisantes. La première réalisatrice du genre est Erika Lust, une suédoise, qui a décidé de tourner des films pornographiques plus respectueux. Et de faire du regard féminin et queer, la norme de ces films pornos.

Nous devons t’avouer quelque chose : nous n’aimons pas tellemnt le terme « pornographie féministe ». Le terme féministe, bien qu’approprié, est souvent mal vu. Les féministes sont hystériques, c’est bien connu (spoiler : non). Ce terme, à notre humble avis, dessert le travail qui est fait derrière car certaines personnes ne se sentiront pas concernées par ce type de pornographie. Alors qu’en fait… Tout le monde est concerné ! À ce terme, nous lui préferons celui de pornographie éthique que nous trouvons plus neutre. Cependant, il est à souligner qu’en employant le terme « pornographie féministe », nous appuyons les préceptes des luttes féministes (et ça, nous, on aime bien).

Quelques ressources pour toi

Alors, en théorie, c’est super mais dans la pratique : où peut-on trouver ce type de pornographie ? Comment fait-on nos recherches ? Tu peux tout simplement rechercher « pornographie féministe » ou « pornographie éthique » danq ton moteur de recherche préféré. Attention, les grosses plateformes mainstream ont placé ces mots clefs sur certaines de leurs pages… Laissant croire que les vidéos que nous y trouverons seront plus éthiques et féministes : ce n’est pas le cas ! Nous avons eu quelques retours sur le sujet nous demandant quelles plateformes utiliser. Puisque nous sommes sympas, voilà quelques ressources pour toi (testées et approuvées) :

  • XConfessions d’Erika Lust : la pionnière sur le marché. Entre 6€ et 16€ par mois.
  • Lustery : de vrais couples. Certaines vidéos ou previews sont gratuites. Entre 8€ et 25€ par mois.
  • Bellesa : la seule plateforme gratuite que nous avons trouvé. Cependant, elle regroupe aussi de la pornographie mainstream.

Cependant, si les vidéos, ce n’est pas trop ton truc, il existe d’autres supports érotiques éthiques. Tels que des podcasts érotiques, comme Colette se confesse, ou encore des audios érotiques, comme sait si bien le faire My Odess (quelques épisodes gratuits).


Bref, la pornographie féministe est un excellent moyen de redécouvrir une pornographie beaucoup plus respectueuse et moins violente. Et surtout bien plus excitante et proche de ce que nous pouvons vivre dans l’intimité. Alors, c’est vrai, la pornographie éthique est bien souvent payante. Mais si c’est le prix à payer pour ralentir l’escalade de violence sur les sites mainstream… Pourquoi pas ?

  1. grand public ↩︎
  2. fait de divulguer des contenus pornographiques sans l’accord de la personne, plus particulièrement pour se venger de la personne ↩︎

Sources :

Rapport HCE « PORNOCRIMINALITÉ Mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique » n°2023-09-27 VIO-59, publié le 27 septembre 2023 Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

KRISTOF, Nicholas. The Children of Pornhub : Why does Canada allow this company to profit off videos of exploitation and assault ? [en ligne]. New York Times, 4 décembre 2020.

Pornographie féministe et coordinateurices d’intimité

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