Désir, appétit sexuel, besoin, envie, pulsion… Peu importe le terme utilisé, la libido fait souvent parler d’elle lorsqu’elle est en baisse. Nous l’associons fréquemment au couple et à l’équilibre à trouver en fonction de la libido de chacun·e. Nous nous en inquiétons ou nous en vantons selon la situation.

Pourquoi s’inquiète-t-on autant d’une baisse de libido chez saon partenaire ? Doit-on s’inquiéter si on ressent soi-même une fluctuation de sa libido ?


Qu’est-ce que la libido ?

Si tu as déjà lu quelques articles des Effronté.e.s, tu sais que nous aimons commencer par le commencement. Nous allons donc débuter cet article par quelques explications concernant la libido, ce que ça implique et comment ça fonctionne.

Libido et désir sexuel : quelle différence ?

La libido est un terme inventé par Freud pour désigner l'énergie des pulsions sexuelles. C'est un mot emprunté au latin "libido" désignant l'envie, le désir, le caprice, la sensualité ou encore le désir amoureux.
Le désir sexuel est la manifestation sexuelle de la libido. Il englobe notamment différents éléments : la libido, le désir affectif, l'état émotionnel, physique et physiologique.

En matière de psychanalyse, la libido n’est qu’un élément du désir sexuel. Cependant, dans le langage courant, c’est le terme libido qui est employé, sans faire de distinction. Cela simplifie énormément les explications, sachant que les deux sont liés entre eux. Aujourd’hui, seul·e·s les psychanalystes font la différence entre les deux termes. N’étant pas psychanalystes, nous parlerons de libido et de désir indifféremment, pour simplifier.

Pas qu’un seul type de libido !

La libido (ou désir sexuel) peut être soit réactive soit spontanée et va déclencher l’excitation.

Le désir réactif c’est lorsque l’envie apparaît suite à un stimulus sexuel physique. Par exemple, cela peut être des caresses prodiguées par taon amant·e, un baiser langoureux ou des bisous dans le cou. Tu vas donc vouloir engager un acte intime en réaction à quelque chose qui t’a stimulé.

Le désir spontané, à l’inverse, c’est lorsque tu n’as pas besoin de stimulus sexuel particulier pour déclencher ton envie. Par exemple, cela peut être la vue de la personne que tu aimes ou sur laquelle tu as un crush, tes fantasmes ou le souvenir d’un acte sexuel plaisant. Tu seras l’instigateur·ice de l’acte. Souvent, une personne avec un désir spontané s’accorde bien (sexuellement) avec une personne ayant un désir réactif puisque l’un·e va déclencher l’envie chez l’autre.

Cependant, les deux types de libido ne sont pas incompatibles chez une même personne. Nous pouvons avoir des phases où nous serons plus dans la réactivité et à d’autres moments, nous aurons plus de désir spontané.

Ce n’est pas parce que tu éprouves un désir sexuel (réactif ou spontané) que tu vas forcément passer à l’acte. Il y a d’autres paramètres qui rentrent en jeu : ta condition physique et émotionnelle, ta potentielle fatigue, etc. Et il n’y a pas une libido « mieux qu’une autre ». Chacun·e fonctionne d’une manière différente, en fonction de la période et de notre état physique et émotionnel.


Comment fonctionne la libido ?

Commençons par la question à un million : sais-tu quel est le principal organe sexuel ? Quel que soit ton genre, ta sexualité, ton orientation, nous avons tous·tes le même… C’est le cerveau ! Les processus cérébraux impliqués dans la réponse sexuelle (l’ensemble des mécanismes physiques et physiologiques suite à une stimulation sexuelle) sont assez complexes. La libido fait partie de cette réponse sexuelle. Nous allons essayer de simplifier au maximum.

Les différentes phases d’un rapport

Lors d’un rapport sexuel (quel qu’il soit), il y a 4 phases :

  • l’excitation, qui s’accompagne de phénomènes physiques et physiologiques. Tels que la lubrification, l’érection ou l’augmentation des rythmes cardiaque et respiratoire ;
  • le plateau, phase lors de laquelle le corps se prépare à un possible coït. Cela se traduit notamment par une modification de la forme du vagin. Ou encore par la contraction du méat urinaire chez les personnes à pénis (pour éviter que l’urine se mélange au sperme) ;
  • l’orgasme (pour les chanceux·ses), soit l’apogée de la réponse sexuelle. Le périnée se contracte à intervalles réguliers et la sensation de plaisir est à son maximum. Si tu ne l’as toujours pas lu, nous avons écrit un article complet sur l’orgasme ;
  • la résolution, qu’on appelle aussi période réfractaire. C’est une période de repos, pour laisser le temps au corps de reprendre ses esprits. Cette phase est plus ou moins longue en fonction des périodes. Et elle peut exister aussi chez les personnes à vulves !

Jusque là c’est presque simple. Nous disons presque. Parce que ces phases sont dépendants de nombreux facteurs (hormonaux, psychologiques, etc.). Mais nous ne détaillerons pas tout ça ici, sinon tu en as pour 4h de lecture (au bas mot).

Les types d’excitation

Détaillons quand même un peu la phase d’excitation (parce que c’est lié à la libido). Nous distinguons deux types d’excitation :

  • l’excitation physiologique, qui est la réponse involontaire du corps suite à une stimulation sexuelle ;
  • l’excitation subjective, correspondant plutôt à l’envie d’entamer un acte sexuel.

L’excitation et la libido sont intriquées et peuvent s’influencer. Il ne faut pas voir les différentes phases de la réponse sexuelle comme quelque chose de linéaire mais plutôt circulaire. Prenons un exemple : je vois maon partenaire entrer dans la pièce, déclenchant un désir spontané. Je vais rentrer dans une phase d’excitation subjective où j’ai envie d’ellui. S’iel désire également avoir une relation sexuelle et stimule mes parties génitales, cela va déclencher une excitation physiologique. Mais cela va aussi activer ma libido réactive : je vais avoir encore plus envie de faire l’amour.

Cependant, ce n’est pas parce qu’il y a excitation physiologique que l’envie d’une relation sexuelle est présente. Si maon partenaire stimule mes parties génitales, mon corps va automatiquement réagir (lubrification et/ou érection). Mais parfois, ce n’est pas le bon moment donc ça ne déclenchera aucun désir d’aller plus loin. Donc si taon partenaire lubrifie et/ou est en érection, cela ne veut pas dire qu’iel a envie de faire l’amour. Il faut donc bien s’assurer du consentement de l’autre avant de poursuivre.


Comment gérer les fluctuations de libido ?

La libido est influencée (à la hausse ou à la baisse) par de nombreux facteurs. Ces fluctuations de libido ne sont pas forcément problématiques. Il faut se poser les bonnes questions pour savoir si cela est gênant et si c’est récurrent ou non. Si le problème persiste, un petit tour chez le médecin peut être nécessaire. Histoire de vérifier qu’il n’y a pas de problème de santé particulier.

Ce qui influence la libido

Nous le disions il y a 3 secondes, la libido varie pour beaucoup de raisons. Tout d’abord, elle varie d’une personne à une autre mais aussi en fonction de la période (de l’année, du cycle hormonal, de la vie…). Voilà quelques exemples de ce qui peut influencer la libido (à la baisse mais aussi à la hausse parfois).

Exemples de ce qui peut influencer la libido : manque de temps, charge mentale, médicaments, variations du taux hormonal, maladies, troubles sexuels, alimentation non équilibrée, traumatismes, conflits avec le ou la partenaire, drogues, alcool, stress, anxiété ou encore fatigue

Autant de choses, physiques ou psychiques, qui peuvent influencer ta libido.

Se poser les bonnes questions

Si tu constates une modification de ta libido, il y a plusieurs questions à se poser. Ces questions sont valables que ta libido soit en hausse ou en baisse. Nous avons tendance à penser que seule la baisse de libido est problématique. Mais une hausse de libido peut être due à un problème hormonal et/ou impacter fortement ta vie.

Pour commencer, demande-toi depuis combien de temps cela dure ? L’idée est de savoir si c’est quelque chose de passager, suite à un gros stress ou beaucoup de fatigue par exemple. Si c’est récent, attends un peu, continue de faire attention à ta libido et vois comment tu te sens. Si ça traîne en longueur, il faudra peut-être prendre rendez-vous avec ton médecin pour en parler.

Ensuite, demande-toi si ça te dérange. Si ta libido te convient comme elle est, alors il n’y a aucune raison de s’inquiéter ou de se sentir mal. Ce n’est peut-être juste pas une bonne période pour toi alors relativise. Dis-toi que c’est normal que ta libido fluctue et qu’elle changera encore probablement plein de fois. La question sous-jacente à celle-ci est de savoir si ta vie sexuelle te convenait avant ta hausse ou baisse de libido. Prenais-tu plus ou moins de plaisir ? Le désir évolue aussi en fonction de tes souvenirs. Si tu as eu une (ou des) mauvaise(s) expérience(s), il est possible que ton cerveau ait assimilé l’acte sexuel à quelque chose de désagréable. Et cela peut se répercuter sur ta libido. Idem, si tu as eu une (ou des) expérience(s) incroyable(s), tu vas avoir envie de réitérer ce moment. Si ton niveau de libido te satisfait actuellement (après qu’elle ait changé), ne t’inquiète pas.

Quelques pistes de réflexion

L’image que tu as de toi-même influence ta libido. Aimes-tu ton corps ? Comment le perçois-tu ? Es-tu à l’aise avec lui ? Si tu n’es pas en bons termes avec ton corps, si tu as des complexes fortement ancrés, te mettre nu·e (que tu sois seul·e ou pas) peut être difficile. Lorsque nous faisons l’amour, nous ne contrôlons pas l’image que nous renvoyons. Nous faisons tous·tes des têtes improbables et étranges, nous avons tous·tes des bourrelets… Lorsque nous avons un rapport compliqué à notre corps, cela peut-être un frein à une sexualité épanouie. Une solution pourrait alors être de (se) faire l’amour dans le noir pour ne plus avoir cette gêne et retrouver une sexualité plus épanouissante.

Les événements de ta vie peuvent modifier ta libido également. Vois-tu un lien avec quelque chose qui t’es arrivé·e récemment ? Cela peut-être un événement pro, perso ou un problème de santé. Tels qu’un licenciement, un nouveau travail, un deuil, une rupture, une maladie. Toutes ces choses peuvent contribuer à une baisse de libido. Au contraire, un·e nouvel·le amant·e ou une nouvelle pratique peut faire exploser ta libido. Identifie ce qui a pu modifier ta libido. Puis réfléchis à ce que tu pourrais faire pour te sentir mieux dans ta situation : du temps pour toi, des vacances, retrouver tes proches, etc.

Si tu as une maladie, tu dois peut-être prendre des médicaments. Ces médicaments modifient le fonctionnement de ton corps (pour te soigner). De ce fait, ils peuvent également modifier certaines composantes neurobiologiques influençant ta libido. Si tu penses que les médicaments que tu prends ont modifié ta libido, parles-en à taon médecin. Tu as peut-être la possibilité de changer de médicament ou de modifier sa posologie.

Enfin, si tu subis un stress particulièrement important ou si tu es fortement fatigué.e en ce moment, cela peut être une cause de la baisse de ton désir. Au contraire, si tu es moins stressé·e et fatigué·e, ta libido pourrait remonter en flèche.

La libido à 2 (ou plus)

Si tu as un·e partenaire et qu’il existe des conflits entre vous, cela peut impacter ton désir de faire l’amour. Est-ce que tu te masturbes seul·e plus, moins ou pareil qu’avant ? Si tu te masturbes plus ou pareil, il y a peut-être quelque chose à discuter avec taon amant·e. Dans ce cas, essayez d’en discuter ensemble. Et si vous n’y arrivez pas seul·e·s, faites appel à un·e sexologue ou à un·e thérapeute de couple. Cela permettra d’ouvrir le dialogue.

Cependant, les conflits ne sont pas la seule raison d’une sexualité peu épanouissante dans un couple. Il peut exister une différence de libido parce que nous avons tous·tes notre propre libido. L’un·e peut avoir une libido débordante tandis que l’autre en aura une plus calme. Et lorsqu’il y a peu (voire pas du tout) de discussion sur la sexualité dans le couple, cela peut engendrer une incompréhension, de la frustration ou des tensions.

Pourquoi nous le prenons si mal lorsqu’il y a une différence de libido entre partenaires ? Parce que nous le prenons souvent personnellement. Nous ne sentons pas (ou plus) désiré·e, nous pouvons nous sentir rejeté·e. Et ça fait toujours mal. La solution est d’en parler ensemble, posément et d’expliquer à l’autre ce qu’on ressent. Cela évite de mal interpréter la situation, de rassurer l’autre et de trouver des solutions ensemble.


Comment faire pour apprivoiser sa libido ?

Si ta libido ne te convient pas telle qu’elle est et que ce n’est pas un problème de santé, tu as plusieurs pistes de réflexion. Que tu sois célibataire, sans partenaire régulier, en couple, en relation polyamoureuse (ou toute autre possibilité)… Prends le temps d’analyser d’où la fluctuation de libido peut venir et ce qui te pose problème. Si tu n’arrives pas à mettre le doigt dessus, tu as toujours la possibilité d’aller voir un·e sexologue.

En attendant (ou en parallèle), tu peux tenter les choses suivantes :

  • Prends le temps de connaître ton corps. Regarde toi nu·e dans un miroir. Explore ton corps. Observe à quoi ressemble tes parties génitales. Caresse toi (sans forcément de but sexuel) pour connaître les zones qui sont les plus sensibles chez toi. Si tu connais bien ton corps, tu seras en capacité de te procurer plus de plaisir seul·e et/ou de guider taon partenaire lors de vos ébats.
  • Réfléchis aux barrières que tu peux avoir : ton éducation, tes peurs, tes traumatismes, etc. Le fait de mettre le doigt sur ce qui fait barrage à ton épanouissement sexuel permet de trouver des solutions plus pertinentes que de chercher à tâtons.
  • Si tu penses que l’éducation sexuelle pourrait t’aider à (re)découvrir ta sexualité et tes désirs : éduque-toi ! Il existe de nombreuses sources d’informations qui te permettront de te renseigner sur les sexualités ou les pratiques. Sur notre blog, tu trouveras des articles sur de nombreux sujets. Si tu souhaites que nous abordions un sujet, tu peux nous envoyer un message.
  • Priorise ta vie intime. Prends du temps pour te faire du bien seul·e et/ou avec un·e partenaire. Parfois, avec nos vies trépidantes, nous avons l’impression que nous n’avons plus le temps de rien faire, plus le temps de prendre du temps pour nous. Prends-toi un créneau dans ta journée/semaine/mois juste pour toi et/ou avec taon partenaire.
  • Cultive ton imaginaire érotique. Ecoute des podcasts sur la sexualité, des podcasts érotiques, lis des livres érotiques, utilise des sextoys, regarde du porno féministe, etc. Evite le porno « mainstream » qui est souvent violent et peu respectueux. En réinventant ton imaginaire érotique, il est possible que tu trouves d’autres sources de désir.

Ce ne sont que des exemples de choses que tu peux faire. Il y a probablement des tas d’autres manières de retrouver une libido qui te satisfasses.


Si tu es arrivé.e jusqu’ici : félicitations ! Parce l’article est assez dense. Mais la libido est un sujet complexe ! Le plus important à retenir est que la libido, ça va et ça vient. Elle varie en fonction des individus, de la période de la vie et elle fluctue tout au long de ta vie. De nombreux facteurs l’influencent mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose ou quelque chose dont on doit s’inquiéter.

Si cela te gêne, prends le temps de te poser les bonnes questions, discutes-en avec taon partenaire (si tu en as un.e) et n’hésites pas à aller voir un.e sexologue. Les baisses de libido mal vécue sont d’ailleurs la première cause de consultation chez les spécialistes de la sexualité. C’est OK, personne ne te jugera, la solution est à portée de main si ta libido ne te convient plus.

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