Longtemps considérés comme des troubles mentaux, les fétiches ont mauvaise presse. Les mœurs sont en train d’évoluer. Mais cela prend du temps. Alors que sont les fétiches exactement ? Y a-t-il une différence avec les fantasmes et les kinks ? Nous t’expliquons tout dans cet article.
Qu’est-ce le fétichisme ?
Les origines
À l’origine, le mot fétichisme désignait des pratiques religieuses. Pour être tout à fait exacte, c’était un « système religieux consistant à faire de divers objets, naturels ou façonnés, les signes efficaces de puissances supra-humaines et à les utiliser dans des pratiques de magie » (CNRTL).
Ce terme a ensuite été utilisé par Alfred Binet dans un sens plus intime. Le mot change alors de signification pour désigner des pratiques sexuelles. Suite à l’étude de 4 cas où les personnes avaient des préférences sexuelles qui sortaient de la norme, ce cher Alfred apporte de nouvelles observations. Et il émet l’hypothèse que ces pratiques découlent de l’enfance. Il appelle ces pratiques « fétiches ».
Freud reprend ensuite cette hypothèse que les fétiches se développent à l’enfance. Notamment, à cause de la mère (sacré Freud). La psychanalyse s’empare donc du sujet et décrit les fétiches comme des perversions et des déviances sexuelles. Nous précisons cependant qu’il n’y a pas de cause au fétichisme et que ce n’est pas un trouble ou un problème à régler, tant que la personne le vit bien.
La perception
Si les fétiches ont si mauvaise réputation c’est parce qu’ils ont donc longtemps été perçus comme des troubles mentaux et sexuels. À partir du 19ème siècle, tous les actes sexuels qui ne sont pas reproductifs sont considérés comme déviants. La psychiatrie récupère cette idée et classe le fétichisme comme une « déviation sexuelle » dans le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Le DSM est l’ouvrage de référence concernant les troubles mentaux. Cela en dit long sur la perception que nous avions de ces pratiques.
Il a fallu attendre la troisième version du DSM pour avoir un terme plus neutre : les paraphilies. Dans la dernière version du DSM, la paraphilie et les troubles paraphiliques sont distingués. La paraphilie est définie comme « […] des impulsions sexuelles ou des comportements survenant de façon répétée et intense, et impliquant des objets inanimés, la souffrance ou l’humiliation de soi-même ou du partenaire, des enfants ou d’autres personnes non consentantes, et qui s’étendent sur une période d’au moins six mois ». Il est précisé que ces comportements peuvent être continuels ou n’apparaître que de manière épisodique (en cas de stress, par exemple). La paraphilie n’est plus considérée comme un trouble mental. Elle ne justifie plus (aux yeux de cet ouvrage) un suivi psychiatrique. Contrairement aux troubles paraphiliques qui entraînent une souffrance et/ou des difficultés interpersonnelles.
Différences avec le fantasme et le kink
Le fétichisme est une attraction sexuelle envers quelque chose, généralement perçu comme non excitant. Les personnes fétichistes ont souvent besoin de cet élément pour avoir une excitation sexuelle satisfaisante. Les fétiches sont bien à différencier des fantasmes et des kinks. Et ils sont tout à fait normaux.
Le fantasme
En psychologie, le fantasme est quelque chose d’imaginaire traduisant les désirs (inavoués ou refoulés) sur un sujet. Le fantasme relève de l’imaginaire. Les fantasmes sexuels ce sont toutes ces choses que nous imaginons et qui nous émoustillent le bulbe. Cela va du plan à plusieurs à une pratique spécifique en passant par des situations particulières ou des personnes. Mais le fantasme n’est pas un pré requis à l’excitation sexuelle ni au passage à l’acte. Il peut être être réalisé ou ne pas l’être, de manière indifférente, sans incidence sur la vie sexuelle de la personne. Bref, le fantasme c’est la pointe de piment dans notre imaginaire érotique. Mais il n’est pas une condition obligatoire pour un rapport sexuel.
Le kink
Le kink ressemble beaucoup au fétiche. Il s’agit de quelque chose d’excitant pour la personne qui permet d’augmenter l’excitation sexuelle. Ces choses excitantes sont également généralement vues comme non habituelles dans la sexualité. Cela peut concerner une partie du corps, un objet, un vêtement ou une pratique. Si nous prenons l’exemple du voyeurisme. Cette pratique est le fait d’aimer regarder ou entendre les comportements sexuels d’autrui. Il en découle une excitation sexuelle. Ici, la différence enre le kink et le fétiche c’est la nécessité d’adopter un comportement voyeuriste pour être excité·e. Si, un jour, tu entends tes voisin·e·s en plein acte sexuel et que cela t’excite : c’est un kink. Si tu as besoin d’entendre tes voisin·e·s pour être excité·e : c’est un fétiche.
La différence est mince, nous te l’accordons. Ce qu’il faut retenir c’est qu’à partir du moment où tu en as besoin pour t’exciter, tu passes du kink au fétiche.
5 fétiches récurrents
Cette liste a été établie en fonction de la lecture de différents articles. Nous avons repris les fétiches qui étaient cités le plus souvent. Mais il existe une multitude de fétiches différents allant des matières (cuir, latex, etc.) aux pratiques (fessées, jeux de rôles, etc.) en passant par des parties du corps (mains, pieds, etc.). Avoir un fétiche n’est pas une maladie, c’est simplement une autre manière de faire l’amour.
Le BDSM
De nombreuses pratiques du BDSM peuvent devenir des fétiches chez les pratiquant·e·s. Parmi ces pratiques, nosu retrouvons notamment :
- Le sadomasochisme. C’est le fait d’aimer donner ou recevoir de la douleur. Cela peut être par des jeux d’impact (fessées, fouets, etc.). Ou par d’autres moyens, tels que la roulette à picots. Comme son nom l’indique, c’est une roulette avec de petits piques à utiliser sur le corps de saon partenaire pour lui infliger une douleur plus ou moins forte, en fonction de la pression exercée.
- Les jeux de domination et de soumission. Exercer le contrôle sur saon partenaire ou, au contraire, le·la laisser prendre le pouvoir peut se faire de différentes manières. Cela peut être de donner des ordres, passer par une attitude déférente ou autoritaire (selon le point de vue), attacher saon amant·e (ou se faire attacher)… Il existe de nombreuses amnières d’explorer ce fétiche.
- Les jeux psychologiques. Les fétiches peuvent être physiques, comme nou venons de le voir. Mais ils peuvent aussi être psychologiques. Cela peut se rapprocher des jeux de domination/soumission. Mais ils passent par le mental : humiliation, insultes, menaces, etc.
Attention, ces pratiques peuvent être dangereuses (physiquement et émotionnellement). Il faut donc impértaivement discuter de tous les aspects de son fétiche avant d’entamer quoi que ce soit avec saon partenaire. Nous avons écrit un article complet sur le BDSM ou encore sur le bondage Shibari. Tu y retrouveras des informations essentielles sur la mise en place de ce type de pratiques. Ne t’aventures pas là-dedans sans t’être renseigné·e.
Les pieds
Lorsque nous parlons de fétiches, c’est souvent la première chose à laquelle nous pensons. Les fétichistes des pieds sont excité·e·s à la vue des pieds, au point de les embrasser, les lécher ou les sucer. Il est également possible que ce fétiche porte ensuite sur des objets ou des vêtements en lien avec les pieds : bas, chaussures, chaussettes, etc.
La lingerie
Probablement l’un des fétiches qui est le mieux accepté… Puisqu’il est facile à intégrer à sa sexualité ! Les fétiches concernant les vêtements sont moins stigmatisés, car, a priori, tout le monde s’habille et porte des slips. Ils sont donc moins « voyants » que certains autres et plus facile à assouvir.
Le voyeurisme et l’exhibitionnisme
Le voyeurisme est le fait d’être excité·e par la vision de la nudité ou d’actes sexuels, à l’insu des personnes concernées. Le comportement voyeuriste repose sur trois éléments : le fait de ne pas être vu·e en train d’observer, la nature intime et érotique des actes vus et la satisfaction sexuelle retirée de ce comportement. A priori, ce fétiche semble plus élevé chez les personnes à pénis.
L’exhibitionnisme est, à l’inverse, le fait de ressentir de l’excitation à se montrer nu·e ou en train de faire l’amour. Lorsque cette envie de montrer son corps et ses ébats est occasionnelle, nous allons plutôt parler d’un fantasme sur les lieux insolites dans lesquels nous pouvons faire l’amour. Pour que cela soit un fétiche, il faut vraiment avoir besoin de ce contexte d’exhibition pour atteindre une excitation satisfaisante. Ce fétiche est répréhensible pénalement, selon l’article 222-32 du Code Pénal Français. Attention donc en pratiquant l’exhibitionnisme.
Les jeux de rôles
Le fétiche sur les jeux de rôles peut passer par des scénarios bien précis ou par l’utilisation d’un costume (ou tout ça à la fois). À nous les uniformes de pompier, les scénarios impliquant des médecins ou un·e cambrioleur·euse et l’incarnation de personnages fictifs ! Ce fétiche permet de représenter concrétement ce qui se passe dans notre imaginaire érotique.
Explorer ses fétiches
Nos conseils
Déculpabiliser
Puisque les fétiches ont longtemps été considérés comme des problèmes à régler, cette perception biaisée peut, parfois, être culpabilisante. Il est possible de se poser de nombreuses questions sur sa sexualité, sur sa « normalité »… Et cela peut être vraiment pesant, voire stressant. Notre premier conseil est donc de déculpabiliser ! Cela demande un travail sur soi-même pour changer la manière que nous avons de voir le fétichisme. En essayant d’intégrer que les pratiques fétichistes sont des pratiques sexuelles comme d’autres, il est possible qu’il soit plus facile de les accepter au sein de sa sexualité.
Créer un environnement bienveillant
C’est bien beau de se déculpabiliser de nos pratiques mais le reste du monde ne fait pas toujours le même effort pour être moins dans le jugement. Pour que tu te sentes dans tes pratiques, entoure-toi des bonnes personnes. Des personnes qui sauront créer un espace bienveillant pour que tu puisses t’exprimer et/ou pratiquer sans jugement moral. Choisis des personnes de onfiance pour te créer un environnement bienveillant et pouvoir profiter de tes pratiques.
Profiter
Une fois que tu en es là, tu n’as plus qu’à profiter. Discutes-en avec taon (tes) partenaire(s) pour être certain·e d’être sur la même longueur d’ondes. Si taon amant·e a le même fétiche que toi, c’est banco ! Il faudra juste vous accorder sur les pratiques exactes qui vous excitent mais cela devrait être plutôt plaisant. Si ce n’est pas le cas, il sera d’autant plus important d’en discuter ensemble pour que tu ne te sentes pas frustré·e et que taon partenaire se sente à l’aise ave tes pratiques. Vous pouvez y aller par étapes, prenez votre temps pour explorer ton fétiche.
Prendre soin de sa santé
Certaines pratiques (par exemple, dans le BDSM) peuvent être dangereuses physiquement si elles sont mal pratiquées. Nous pensons notamment à tout ce qui touche au sadomasochisme. Donc il faut bien être à l’écoute de soi et de l’autre. Mais les risques ne s’arrêtent pas là. Dans le cas de l’exhibitonnisme, par exemple, la pratique peut avoir de lourdes conséquences pénalement. Il est donc nécessaire de bien se renseigner sur les pratiques souhaitées et de correctement planifier tes ébats.
Dernier point tout aussi important : la santé mentale peut être impactée. Certaines pratiques peuvent être difficile à gérer émotionnellement. Fais donc bien attention à ta santé physique mais aussi mentale. Si tu sens qu’il y a un souci (quel qu’il soit), essaie d’en parler à taon partenaire, un·e proche ou un·e professionnel·le de santé.
Quand les fétiches nous troublent…
Le fétichisme n’est pas une maladie mentale, ni une déviance sexuelle. Il s’agit de jeux sexuels dont nous avons peu l’habitude. Cependant, il existe un seul cas dans lequel le fétiche peut être un trouble, appelé trouble paraphilique, et qui nécessite un suivi médical. Lorsque la personne fétiche ressent une détresse émotionnelle liée à son fétiche ou lorsque ce dernier a des conséquences sur la vie pro, perso et les relations interpersonnelles : il faut, à ce moment, penser à consulter.
Certaines personnes fétichistes rapportent un grand sentiment de solitude lié à leur fétiche. Ce sentiment de solitude peut alors impacter leur bien-être mental. Ce sentiment de solitude vient souvent de la mauvaise image qu’a le fétichisme, entraînant un rejet de ces pratiques. Qui peut être assez violent à vivre. Le trouble paraphilique se définit comme des « comportements, fantasmes, ou désirs intenses entraînant une souffrance cliniquement significative ou une altération fonctionnelle ». La durée est également importante dans cette définition puisque ces comportements fétichistes doivent être présents depuis au moins 6 mois.
Si nous résumons, les fétiches :
- sont des pratiques sexuelles comme n’importe quelle autre,
- ne sont pas une maladie ou une déviance sexuelle,
- peuvent se transformer en trouble, nécessitant un suivi, uniquement si la personne fétichiste en souffre quotidiennement.