Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé sexuelle « s’entend comme une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles« . Certes, le sexe est naturel et inné, mais la sexualité s’apprend. Et c’est par l’éducation sexuelle qu’il est possible d’apprendre à avoir une sexualité respectueuse (pour soi et pour les autres). L’éducation à la vie affective et sexuelle est essentielle pour former des individus responsables, confiants et en bonne santé, capables de prendre des décisions éclairées concernant leur sexualité.
Les cours d’éducation sexuelle à l’école
Avoir des séances d’éducation à la sexualité (dès l’école primaire et jusqu’au lycée) ne poussera pas ces jeunes à avoir des rapports sexuels plus tôt. C’est même le contraire selon certaines études. L’âge du premier rapport sexuel est reculé lorsque la personne a reçu des cours complets d’éducation sexuelle. Mais il s’agit d’un argument souvent utilisé par les réfractaires à ces cours d’éducation sexuelle dans les écoles. Peut-être parce qu’iels confondent sexualité et pornographie. Ou peut-être parce que ces personnes sont mal à l’aise avec le fait de parler de sexualité, faisant l’amalgame avec leur propre vie sexuelle… Il faudrait leur demander ce qui les mets si mal à l’aise avec le sujet pour en être certain·e.
L’éducation à la sexualité englobe de nombreux sujets. Cela permettra aux jeunes d’avoir les bonnes armes pour accéder à une meilleure santé sexuelle. Il est reconnu que l’éducation sexuelle chez les jeunes leur permet :
- de construire leur personnalité,
- de réduire le risque de grossesse non désirée,
- de retarder l’âge du premier visionnage de contenu pornographique.
Savais-tu que l’âge moyen du premier visionnage de contenu pornographique est de 11 ans ? Il faut permettre aux jeunes gens de discuter des sujets autour de la sexualité dès qu’iels le souhaitent, avec des adultes. De cette manière, il y a moins de risques qu’iels aillent se renseigner par elleux-mêmes avec des supports non appropriés. L’éducation à la sexualité permet à chacun·e de pouvoir juger et jauger les risques des choix faits pour sa propre sexualité. C’est une éducation à l’autonomie et à la responsabilité.
Pourquoi des cours d’éducation sexuelle ?
Fournir de vraies séances d’éducation à la vie affective et sexuelle aux jeunes a de multiples avantages :
- L’amélioration de la santé sexuelle. Grâce à l’apport des connaissances nécessaires à la compréhension de l’anatomie ou la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). Une meilleure compréhension de ces sujets peut aider à réduire le risque d’IST et de troubles sexuels. Cela contribue ainsi à une meilleure qualité de vie.
- La réduction du nombre de grossesses non désirées. Une meilleure compréhension de la contraception et des conséquences d’une activité sexuelle précoce peut aider les jeunes à prendre des décisions éclairées concernant leur vie sexuelle. De nombreuses études ont montré que lorsque les adolescent·e·s recevaient une éducation sexuelle complète, le taux de grossesses non désirées diminuait.
- La prévention des violences sexistes et sexuelles (VSS). Les cours d’éducation sexuelle doivent aborder les thématiques du consentement et du harcèlement sexuel. En expliquant aux jeunes comment respecter les limites personnelles (les siennes et celles des autres), nous contribuons à la prévention des VSS. Et nous aidons à créer une culture de respect et d’égalité des genres.
- L’émancipation et l’amélioration de la confiance en soi. L’éducation sexuelle favorise une dynamique positive de la sexualité. Aidant ainsi les jeunes personnes à se sentir à l’aise avec leur propre corps et leurs désirs. Cela peut renforcer leur confiance en eux et améliorer leur estime de soi.
- La réduction des stéréotypes (de genre notamment) et des tabous sociaux liés à la sexualité. Cela ouvre la voie à des discussions ouvertes et honnêtes, tout en contribuant à une société plus inclusive et tolérante.
- Le fondement de relations saines. Les cours d’éducation sexuelle fournissent les bases nécessaires à une bonne communication (non violente) et à la résolution de conflits. En proposant également des conseils sur la gestion des émotions et des désirs, iels seront plus à même de construire des relations saines et respectueuses.
Les séances d’éducation à la sexualité en France
La France a fait passer une loi, en 2001, concernant l’éducation à la santé et à la sexualité. Pour résumer cette loi, les écoles doivent fournir une information et une éducation à la sexualité via trois séances annuelles. Les sujets censés êtres abordés dans ces cours sont :
- l’égalité des genres dans les relations,
- le consentement et le respect d’autrui,
- les violences sexistes et sexuelles,
- les gestes de premiers secours.
Dans les faits, la plupart des établissements scolaires ne fournissent pas l’ensemble de ces séances. Un sondage Ifop pour Sidaction, début 2023, a interrogé des jeunes de 15 à 24 ans concernant l’éducation sexuelle pendant leur scolarité. Les résultats montrent que la loi de 2001 n’est pas toujours respectée. C’est d’ailleurs pour cela qu’en mars 2023, trois associations (SOS Homophobie, Sidaction et le Planning Familial) décident d’attaquer l’Etat Français pour le contraindre à appliquer la loi.
Le problème est, en partie, une question de financement. Peu de moyens sont mis en place, par l’Éducation nationale, pour aider les établissements à former correctement le corps enseignant. Généralement, ce sont les professeur·e·s de biologie et/ou les infirmier·ère·s qui dispensent les cours d’éducation à la sexualité. Mais cet enseignement ne devraient pas être à leur seule charge. Les écoles devraient pouvoir être en capacité de former d’autres enseignants et de faire venir des intervenant·e·s extérieur·e·s. Par manque de moyens financiers, ce n’est souvent pas possible.
L’éducation sexuelle en tant qu’adulte
Le sexe est inné, la sexualité est acquise. Et elle s’acquiert tout au long de la vie. Notre corps évolue au fil du temps et notre sexualité aussi. L’apprentissage de notre sexualité peut évoluer et se poursuivre tout au long de notre vie. Continuer à être alerte sur les sujets liés à l’intimité, en tant qu’adulte, te permettra de prendre soin de toi et de taon (tes) partenaire(s).
Pour sa propre sexualité et sa santé sexuelle
S’éduquer à la sexualité permet d’avoir une sexualité épanouie et adaptée à nos besoins et nos envies. Comme nous le disions, la sexualité évolue tout au long de notre vie. Nous n’avons pas la même sexualité à 20 ans qu’à 40 ans ou 80 ans. Pour ne pas mal vivre ces possibles changements, il est important de continuer à d’éduquer. Que ce soit sur nos corps, notre sexualité et la manière dont l’un et l’autre peuvent s’influencer.
Notre corps peut changer et, par extension, la perception que nous en avons. Le corps va évoluer en fonction de nombreux facteurs :
- l’âge,
- les fluctuations de poids,
- les possibles grossesses,
- le stress,
- les hormones, etc.
C’est normal. Il y a aussi des périodes de nos vies où nous aimons notre corps et d’autres périodes où nous l’aimons moins. Il a été montré que la perception que nous avons de notre physique influe sur notre vie sexuelle. En nous informant sur les changements qui peuvent survenir, cela nous permet de mieux les accepter. Et, si besoin, de ne pas les laisser impacter notre vie intime, de manière négative.
Tes goûts et tes pratiques peuvent également changer au cours de ta vie sexuelle et c’est parfaitement normal. En fonction de nos expériences (bonnes ou mauvaises), nous pouvons adapter nos pratiques pour qu’elles conviennent mieux à nos envies. Le sexe est un peu comme de la cuisine. C’est à force de répéter la préparation d’un plat que nous nous améliorons pour faire le plat parfait ! Et puis, parfois, nous nous lassons de manger ce plat toujours de la même manière. Il est alors temps de regarder comment nous pouvons l’améliorer et/ou le changer complétement.
Le sexe fonctionne un peu de la même manière. Au départ, une pratique nous plaît et nous trouvons le moyen de nous l’approprier et de l’utiliser de la manière qui nous plaît. Une bonne expérience de cette pratique va nous donner envie de l’utiliser dans notre vie intime. Une mauvaise expérience ou une envie de changer nous orientera vers une nouvelle manière de faire ou de nouvelles pratiques. Lorsque nous souhaitons nous orienter vers de nouvelles pratiques sexuelles, la recherche d’informations peut être primordiale. Cela dépend bien évidemment des pratiques sexuelles mais certaines comportent des risques de blessures plus élevés que d’autres. Par exemple, la sodomie ne s’improvise pas. Les pratiques BDSM non plus. S’informer pour pratiquer au mieux est essentiel pour ne pas risquer des inconforts, voire des blessures. Alors, il vaut mieux se renseigner avant de se lancer dans une nouvelle pratique.
Enfin, des études scientifiques et des sondages commencent à voir le jour sur les sujets autour de la sexualité. Les sondages faits auprès de la population vont te permettre d’être rassuré·e (si tu en as besoin). Non, tu n’es pas seul·e à avoir ce genre de pratiques ou à ressentir ta sexualité d’une certaine manière. Ces enquêtes sont donc un bon moyen de décomplexer notre sexualité et/ou d’ouvrir le dialogue avec saon partenaire. Histoire de décomplexer, voilà quelques constatations issues de l’une de ces enquêtes1 datant de 2021 :
- les français·e·s sont les plus insatisfait·e·s sexuellement en Europe (35%). Et cette insatisfaction est à la hausse (31% en 2016) ;
- le nombre de partenaires sexuels en France est l’un des plus élevés : 20% déclarent avoir eu plus de 10 partenaires ;
- les pratiques de sexe oral sont très répandues ;
- la sodomie est très pratiquée chez les français·e·s, plus que dans les pays voisins (51%)
Décomplexer sur sa sexualité permet d’arriver à un certain bien-être sexuel, qui a des effets positifs sur notre bien-être général.
Participer à l’éducation sexuelle des jeunes
S’il y a des enfants dans ton entourage, tu peux participer à leur éveil. Il est parfois difficile de parler d’éducation sexuelle à des plus jeunes. Le principal frein est que nous avons peur de trop en dévoiler sur notre vie intime. Cependant, il ne faut pas confondre éducation à la sexualité et notre propre vie sexuelle. Faire de l’éducation à la sexualité ce n’est pas raconter nos propres expériences. C’est fournir de l’information et/ou des ressources aux jeunes pour qu’ils puissent s’informer et se responsabiliser. Evidemment, nous ne parlerons pas des mêmes choses à un enfant de 7 ans qu’à un·e adolescent·e de 15 ans. Il faut s’adapter à l’âge et au niveau de connaissances de l’enfant.
Nos conseils pour parler sexualité
Lorsqu’un enfant pose une question, demande-lui ce qu’iel a entendu pour savoir quel est son niveau de connaissances. Cela va permettre d’orienter la réponse en fonction de ce qu’iel sait déjà et ce qu’iel cherche exactement comme réponse. Par exemple, à la question « Comment on fait les bébés ?« , tu peux demander « Comment penses-tu qu’on fait les bébés ?« . Le fait de lui demander ce qu’iel sait te permets d’évaluer ce que l’enfant souhaite comme informations et d’avoir le degré de précision dont iel a besoin.
Si tu es mal à l’aise face à la question, dis-le. Tu peux lui expliquer qu’à son âge, tu n’as pas eu l’habitude de discuter de ce genre de choses avec des adultes. Et qu’il est, par conséquent, un peu difficile pour toi de répondre à cette question. Tu peux lui proposer d’y répondre plus tard ou de lui donner des ressources à regarder ensemble. Si la question porte sur ta vie intime, explique-lui que cette question est très personnelle. Essaie de ré orienter la question. Car iel cherche probablement une réponse plus générale que de savoir ce qu’il se passe dans ta vie intime.
Et si tu ne connais pas la réponse, explique-lui que tu ne sais pas mais que tu vas te renseigner. Propose-lui de reporter cette conversation à plus tard pour que tu aies le temps de te renseigner. L’idée est de ne pas le·la laisser avec une question sans réponse. Essaie de lui faire comprendre que tu ne sais pas toujours tout mais qu’il y a des moyens de se renseigner. Laisser l’enfant sans réponse pourrait renforcer l’idée que ce sujet est tabou, ce qui n’est pas le but.
Les ressources que tu peux utiliser
Pour t’aider un peu dans cette discussion, voilà les ressources que nous aimons beaucoup chez Les Effronté.e.s :
- le fantastique livre de Charline Vermont : « Corps, amour, sexualité : les 100 questions que vos enfants vont vous poser » (édition 2021) ;
- les livres de Julia Pietri : « Le petit guide de la foufoune sexuelle » Tome 1 (à partir de 4 ans) et Tome 2 (pour les ados) ;
- la newsletter Haut les Cœurs : à destination des adultes qui souhaitent ouvrir le dialogue avec les jeunes sur l’amour et la sexualité ;
- le site du gouvernement dédié à la sexualité : une mine d’informations si tu n’as pas les réponses aux questions posées.
La déconstruction des tabous liés à la sexualité et son épanouissement passent par l’éducation sexuelle. Il n’y a pas à avoir honte à vouloir se renseigner sur la sexualité ou être gêné·e d’en parler à un jeune qui pose des questions. De nombreuses ressources existent aujourd’hui pour trouver les réponses à nos questions. Encore faut-il savoir où chercher. Si tu as besoin d’aide, n’hésites pas à nous contacter. Nous nous ferons un plaisir de t’accompagner dans ta démarche.
Sources
Éducation nationale – loi éducation à la santé et à la sexualité
- Étude Ifop pour The Poken Company réalisée par questionnaire autoadministré du 1 au 5 mars 2021 auprès d’un échantillon national de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus vivant dans les pays suivants : France, Italie, Espagne, Allemagne et Royaume-Uni. ↩︎