Originaire de l’Angleterre, les données sur le chemsex ne sont pas encore bien connues. Cette pratique serait apparue vers les années 1990 et se serait répandue à travers l’Europe, en évoluant avec les nouvelles drogues et méthodes de rencontre. Si nous résumons, le chemsex est le fait d’avoir des rapports sexuels sous l’emprise de drogues. Cela comporte certains risques, qu’il est cependant possible de réduire. Sans jugements et avec bienveillance, nous faisons le tour d’un phénomène qui prend de l’ampleur et qui devient un problème de santé publique.


Qu’est-ce que le chemsex ?

Le mot chemsex est un anglicisme, ce qui est logique puisque la pratique viendrait d’Angleterre. Cela désigne la consommation de drogues avant et pendant un rapport sexuel. Cette pratique a évolué avec l’apparition de nouvelles drogues et l’évolution des méthodes de drague et de rencontres. Avec les applications de rencontre notamment, il a été plus facile et plus rapide de trouver des partenaires sexuel·le·s disposé·e·s à consommer différentes substances.

Le chemsex est un phénomène qui a pris de l’ampleur dans l’ombre. C’est pourquoi nous avons peu de données concrètes sur cette pratique.

Un problème de santé publique ?

Quelques études ont été réalisées au début des années 2000 suite à différentes constatations :

  • La contamination par le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) ne diminue pas et reste élevée ;
  • La propagation d’IST (Infections Sexuellement Transmissibles) est en hausse ;
  • Le port du préservatif est en baisse ;
  • La consommation de GHB (et ses dérivés) est en augmentation.

Le personnel soignant a ensuite constaté, dans les années 2010, une augmentation du nombre de personnes en difficulté par rapport à leur consommation de drogues. Souvent, suite à la découverte d’une IST. Les études alors menées montrent que la pratique du chemsex favorise les comportements à risques et donc l’augmentation des contaminations, notamment par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC).

Un problème de santé publique est défini en fonction de :

  • sa gravité, que l’on estime en fonction de la mortalité et de la survenue de séquelles ;
  • sa fréquence, soit le nombre de cas recensés ;
  • son impact socio-économique, c’est-à-dire le coût des traitements à la charge de la famille et/ou de la société ;
  • la perception qu’on en a.

La pratique du chemsex, du fait de la consommation de drogues et de la prise de risques, est en train de devenir un problème de santé publique. De plus en plus de personnes pratiquent le chemsex, augmentant la transmission de certaines IST. Les chemsexeurs (celleux pratiquant le chemsex), de par leur consommation de drogues, peuvent finir par développer une addiction. Cela peut mener à un isolement social ou encore la perte de leur emploi.

Que recherchent les chemsexeurs ?

Alors oui, la drogue n’est pas spécialement recommandée. Tout le monde le sait. Mais si des personnes en prennent, dans un contexte sexuel, c’est qu’il y a forcément une raison. Nous ne faisons pas l’apologie ou la condamnation de la prise de drogues, bien évidemment. Il s’agit plutôt de comprendre la (ou les) raison(s) qui poussent certaines personnes à en consommer lors du sexe.

Selon les drogues prises, les effets recherchés ne sont pas les mêmes. Parmi les effets souhaités les plus courants, nous retrouvons :

  • l’euphorie et la relaxation,
  • la désinhibition et une meilleure confiance en soi,
  • l’augmentation des performances, du désir et de l’excitation sexuelle,
  • les effets stimulants,
  • l’effet anesthésiant (pour une pénétration facilitée)

Tous ces effets sont recherchés pour accéder à une sexualité plus aisée, moins stressante avec un meilleur lâcher-prise. La relaxation et la désinhibition qu’apportent certaines substances permettent ce genre de sexualité.


Les risques du chemsex

En consommant des drogues lors de relations sexuelles, cela peut amener certains problèmes et risques.

Quels sont les risques potentiels du chemsex ?

Le risque le plus évident est la possibilité de développer une addiction à ces substances, ou ce qu’on appelle le craving. Le craving est le besoin irrépressible de prendre la drogue, pour avoir la gratification due à cette prise, alors même que nous n’en avons pas envie. Le craving est un symptôme de l’addiction et peut persister des semaines (voire des mois) après l’arrêt du produit. Mais ce n’est pas le seul risque lié à la prise de drogues.

Suivant la substance prise, il y a également la possibilité de :

  • faire une surdose, voire une overdose ;
  • développer des troubles psychocomportementaux. Tels que crises de panique et d’angoisse prolongées, crises de paranoïa, hallucinations, idées suicidaires ou encore troubles dépressifs ;
  • avoir des pertes de connaissances, des nausées, des vertiges et des vomissements ;
  • causer des problèmes cardiovasculaires et cardiorespiratoires.

Ces risques augmentent si la personne cumule la prise de différentes drogues ou combine une (ou plusieurs) drogue(s) avec de l’alcool.

La prise de drogue augmente les risques lors des rapports sexuels. La désinhibition apportée par certaines drogues fait que la personne peut multiplier le nombre de partenaires et les rapports sexuels. Ce qui serait peu problématique si les partenaires se protégeaient correctement. Ce qui n’est, malheureusement, pas toujours le cas. La multiplication des amant·e·s associée à une mauvaise protection induit une augmentation de la transmission de certaines IST (notamment VIH et VHC). Le risque de blessures et de lésions internes est également plus élevé lorsqu’on pratique du chemsex. Certaines drogues ont un effet anesthésiant, ce qui fait que la personne pénétrée ne se rend pas forcément compte qu’elle n’est pas prête pour la pratique. Dernier problème de taille : les problèmes de consentement. Comment savoir si la personne est réellement consentante pour faire du sexe ou une pratique particulière alors qu’elle est sous influence ?

Comment limiter les risques liés au chemsex ?

De nombreux risques sont liés à la pratique du chemsex, directement liés à la prise de produits ou des comportements qui en découlent. Mais si cette pratique est importante pour toi, il existe des moyens de limiter la prise de risques :

  • évite de consommer seul·e ou lorsque tu ne te sens pas bien ;
  • conserve une sexualité sans produits. Pour ne pas t’habituer à n’avoir que des rapports sexuels sous emprise ;
  • vérifie que tous tes vaccins sont à jour, notamment les hépatites et les méningocoques ;
  • fais des dépistages réguliers ;
  • si tu es séronégatif·ve (absence d’anticorps contre le VIH) : tu as la possibilité de prendre la PrEP ;
  • si tu es séropositif·ve (présence d’anticorps contre le VIH) : prends ton traitement ;
  • prévois tout le nécessaire pour des pratiques sexuelles en toute sécurité. C’est-à-dire avoir assez de préservatifs, du désinfectant, des gants (en latex ou en nitrile) et du lubrifiant ;
  • apporte ton propre matériel, stérilisé de préférence, pour la prise de drogue : seringues, aiguilles, pailles et coton ;
  • si toi et tes partenaires utilisez des sextoys : nettoyez-les entre chaque utilisation ;
  • évite les mélanges de drogues ou avec de l’alcool ;
  • prévois ta propre bouteille d’eau et de quoi grignoter ;
  • préfère des personnes de confiance pour pratiquer le chemsex ;
  • fais attention aux autres. En cas de malaise léger, il faut mettre la personne à l’écart, au calme, avec une boisson sucrée, voire à manger. En cas de malaise grave, de surdose, d’overdose ou au moindre doute : mettez la personne en PLS (Position Latérale de Sécurité) et appelez le 15 immédiatement.

Cette liste n’est pas exhaustive mais peut constituer une base de discussion avec un·e médecin. N’hésites pas à te rapprocher d’un·e professionnel·le de santé pour en parler et connaître les solutions qui s’offrent à toi.


Se faire aider et parler de sa pratique du chemsex

Pourquoi et quand se faire aider

Si ta pratique du chemsex devient trop prenante, qu’elle entraîne des problèmes financiers, professionnels et/ou sociaux (éloignement de tes proches) ou encore que tu sens que tu ne peux plus t’en passer, il est peut-être temps d’en parler et de te faire aider. La pratique peut aussi ne plus te convenir (pour tout un tas d’autres raisons) sans que tu saches comment arrêter.

Si tu as développé une addiction aux produits que tu prends, il peut être extrêmement difficile de t’en sortir tout·e seul·e. Si c’est le cas, fais-toi aider. Nous te listons en-dessous quelques endroits où te renseigner et recevoir l’aide dont tu as besoin.

Où trouver de l’aide ?

Dans certaines grandes villes, telles que Paris, des centres spécifiques aux problématiques du chemsex ont été développés. C’est vers eux qu’il faut se tourner en priorité. Le dispositif AIDES pourra t’aider à trouver le soutien dont tu as besoin sur ces problématiques. C’est d’ailleurs ce que nous te conseillons de faire dans un premier temps : contacte l’association AIDES, pour trouver les professionnel·le·s de santé dont tu as besoin.

Si tu n’as pas la possibilité d’accéder à ces centres de soin spécifiques, tu as d’autres options :

  • les centres spécialisés dans l’addiction,
  • les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic),
  • les COREVIH (coordinations régionales de la lutte contre le VIH).

Ce ne sont, bien sûr, pas les seules options. Tu trouveras à la fin de ce livret d’informations, des ressources utiles pour te faire aider.


Le chemsex, faire du sexe sous influence de drogue(s), est un problème de santé publique car les risques de transmission d’IST sont plus importants. L’addiction provoquée par ces produits peut amener à de graves soucis de santé mais également dans la vie quotidienne.

Cependant, les « bonnes pratiques » permettent de limiter ces risque si c’est une pratique que tu apprécies. N’oublie pas de faire attention à ta santé et à celle des autres si tu pratiques le chemsex. Et il ne faut pas avoir honte de demander de l’aide à un·e professionnel·le de santé si tu en as besoin : iels sont aussi là pour ça.

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