Quand nous sommes célibataires, nous avons parfois la pression de nous mettre en couple. Mais lorsque nous nous mettons en couple, nous pouvons avoir d’autres injonctions. Notamment, quand il s’agit de faire l’amour. Qui a déjà entendu dire que le sexe était le ciment du couple ? Probablement, la majorité d’entre nous. Il faudrait faire l’amour tous les jours et comme au premier jour. Sinon, c’est que notre couple va mal. Spoiler : pas toujours !
Avec ou sans relations sexuelles ?
Que tu fasses l’amour 10 fois par jour ou 10 fois par an, on s’en fout ! La sexualité est propre à chacun·e. Ainsi que la vision du couple et de la sexualité de couple. Certains couples vont faire l’amour comme à leur début. D’autres n’ont pas / plus de vie sexuelle du tout. Nous parlons alors de relation platonique.
Parfois, ce choix est assumé. Lorsque les personnes du couple ne ressentent pas le besoin d’avoir des rapports sexuels et que cela ne génère pas de conflits particuliers. L’asexualité peut être une des raisons de ce non désir de sexe. Mais ce n’est pas toujours le cas. Souvent, le quotidien du couple est trop prenant (famille, carrière, maladie, etc.). La sexualité passe alors au second plan. Lorsque la situation est discutée en amont et acceptée par les personnes du couple, cela peut être un choix assumé.
De temps en temps, l’absence de rapports sexuels est subie. Le manque de discussion dans le couple sur les envies de chacun·e peut exacerber les conflits engendrés par cette absence. Nous avons souvent des idées préconçues sur ce que doit être une « bonne » fréquence de rapports sexuels au sein d’un couple. Ces idées préconçues nous conditionnent dans des schémas qui ne nous conviennent pas toujours. Et qui, parfois, peuvent mener à de l’incompréhension avec saon partenaire et donc des conflits.
Être amoureux·se sans faire l’amour
Contrairement aux idées reçues, nous pouvons être amoureux·se de notre partenaire sans avoir de relations sexuelles. Le sexe ne définit pas l’amour que nous portons à l’autre. Pour faire une comparaison (probablement douteuse) : nous aimons notre famille ou nos ami·e·s sans avoir de relations sexuelles avec ces personnes. C’est un amour différent, évidemment. Mais il ne te viendrait probablement pas à l’esprit d’évaluer ton amour pour elleux en fonction d’un seul paramètre extérieur. En couple, c’est la même chose : pourquoi évaluer l’amour que nous portons à notre partenaire en fonction d’une seule composante de la relation ?
Les composantes d’une relation
Une relation amoureuse se définit par de nombreux éléments :
- l’intimité et la tendresse, qui sont différentes de la sexualité ;
- le partage de ses émotions, d’une vie, de ses doutes, de ses joies, etc. ;
- le respect de l’autre, de la relation, des limites de chacun·e ;
- la confiance ;
- l’attachement pour l’autre (l’amour) ;
- la sexualité (parfois)…
Les incompréhensions peuvent commencer lorsque nous définissons la relation par une seule de ces composantes. Et que les partenaires n’arrivent pas à communiquer sur ce qui dérange ou manque. C’est valable avec la sexualité mais cela pourrait être autre chose : une absence de gestes tendres, une perte de confiance, etc. Il n’y a qu’à te souvenir de ce qui t’a attiré·e lorsque tu t’es mis·e en couple avec taon partenaire. Il y avait probablement plus d’un élément qui t’a fait craquer. Peut-être que votre sexualité, à ce moment-là, faisait partie de ces éléments. Mais il y avait probablement autre chose…
Lorsque la communication n’est pas optimale, c’est là où les incompréhensions et les tensions peuvent survenir. Si toi ou taon conjoint·e ressentez de la frustration à cause d’un manque de rapports sexuels, nous avons quelques pistes de réflexion pour toi. Cela vous aidera peut-être à rétablir un équilibre dans votre couple, qui vous conviendra à tous·tes les deux.
Nos conseils pour retrouver l’équilibre dans sa vie intime
Si ta vie intime de couple ne t’épanouit plus ou si cela génère des tensions dans ton couple, nous te proposons de réfléchir tranquillement. Tu peux le faire seul·e et avec taon conjoint·e, pour essayer de retrouver une situation qui vous convienne à tous·tes les deux. Ces conseils ne sont pas forcément tous applicables à ton couple, en fonction de ce avec quoi vous êtes à l’aise. Tu peux les adapter à ta situation de couple, ils ne sont pas à prendre au pied de la lettre.
Redéfinir tes priorités et celles de ton couple
Il y a des moments dans la vie où la sexualité n’est pas une priorité. Nous avons tous·tes des vies à mille à l’heure : vie professionnelle, vie personnelle et vie de famille… Quand la routine et la fatigue s’installent, il est normal de ne plus avoir envie de se sauter dessus toutes les 5 secondes. C’est à ce moment-là qu’il est important de se demander quelles sont tes priorités, celles de taon partenaire et celles que vous souhaitez poser dans votre couple.
Lorsqu’il faut concilier toutes les activités quotidiennes que nous avons, il peut être intéressant de se poser quelques questions :
- de quoi ai-je besoin pour me sentir bien ?
- de quoi dois-je m’occuper en priorité ? Ma famille, ma santé, etc. ?
- qu’est-ce qui est important pour moi ? Pour maon partenaire ? Pour nous ?
- qu’est-ce qui se passe bien dans mon couple ?
- quels sont les problèmes ou les prises de têtes récurrents dans mon couple ?
- comment pouvons-nous améliorer ensemble ce qui nous pose problème ?
Tout ce qui peut te permettre de savoir de quoi chacun·e a besoin. Cela vous permettra de (commencer à) poser de nouvelles bases pour rétablir l’équilibre que vous semblez avoir perdu. Et également d’établir un dialogue ouvert et franc.
Faire un RDV galant avec saon partenaire
Lorsque nous sommes en couple depuis un moment et pris·e·s dans le quotidien, nous ne pensons plus forcément à nous accorder des moments privilégiés ensemble. Ces moments nous permettent de nous retrouver ensemble et de penser à autre chose que le quotidien et ses tracas. Alors, prévoyez-vous des RDV galants, que tu sois avec taon partenaire depuis 3 mois ou 3 ans. Cela entretiendra votre complicité.
L’idée est de se bloquer un vrai créneau avec taon conjoint·e régulièrement. Tous les jours, toutes les semaines, tous les mois… C’est à vous de décider. Organisez le RDV galant à tour de rôles. Cela vous permettra de maintenir un certain effet de surprise. Pas besoin de sortir le grand jeu à chaque fois. Cela peut juste être un verre dans un bar ou chez l’un·e de vous (ou chez vous si vous habitez ensemble), ou un déjeuner en amoureux·ses.
S’accorder des moments d’intimité sans sexe
Lorsque la sexualité est un sujet de tensions, se focaliser sur autre chose qui permette de renforcer votre intimité peut être une bonne idée. Nous avons déjà entendu certaines personnes nous dire « lorsqu’iel s’approche de moi, je me demande à quelle sauce je vais être mangé·e« . Ou « quand iel m’embrasse, j’ai toujours l’impression qu’iel veut juste avoir du sexe« … Dans ces situations, le malaise vient du fait que l’une des personnes n’a pas envie de sexe mais qu’elle s’attend à ce que saon partenaire en ait envie. C’est l’intention derrière le geste qui pose « problème« . Essaie de retirer toute attente sexuelle lorsque tu fais quelque chose pour taon partenaire, pour éliminer son potentiel sentiment de « devoir quelque chose« . Ce phénomène s’appelle la dette sexuelle : l’impression de devoir du sexe à la personne qui a eu un geste tendre ou sympathique à notre encontre.
Voilà quelques idées :
- fais un massage du dos, des pieds ou des mains à taon partenaire pour qu’iel se détende de sa journée ;
- fais-lui couler un bain, avec une ambiance pour le·la détendre : pétales de rose, bougies, musique ou film… ;
- prépare-lui son plat préféré à emporter pour le déjeuner du lendemain ;
- caresse-lui la tête, les bras ou le dos, juste pour lui montrer que tu es là ;
- fais-lui un câlin et dis-lui que tu aimes être avec ellui.
Accepter que la libido n’est pas constante
La libido n’est pas constante. Elle fluctue en fonction :
- des personnes ;
- de la période : de l’année, de la vie, du cycle hormonal. Car oui, tout le monde a un cycle hormonal : personnes à vulves ET personnes à pénis ;
- des épisodes potentiellement traumatiques (violences, accouchement, chirurgie, etc) ;
- de l’état de santé : maladies ou troubles sexuels par exemple ;
- de l’hygiène de vie : alimentation, consommation excessive de drogues ou d’alcool, manque de sommeil ;
- du stress et de la fatigue ;
- etc.
Bref, la libido n’est pas quelque chose de lisse. En apprenant à apprivoiser ces fluctuations de libido, tu vivras mieux avec elles. Et tu seras plus apte à communiquer avec taon partenaire sur ce qui impacte ton désir. Pour en apprendre plus sur les variations de libido, tu peux aller lire notre article complet sur le sujet.
Parler ouvertement avec saon partenaire
Ici, nous enfonçons des portes ouvertes. Tu as déjà dû lire des milliers de fois que la communication est essentielle dans un couple. Surtout lorsqu’il s’agit de retrouver un équilibre avec taon partenaire et entre les différentes facettes de votre vie. Mais concrètement, comment fait-on ? Parce que c’est bien beau d’entendre que la communication est la clef mais si on ne sait pas comment faire… Cela risque d’être difficile.
Tout d’abord, tout le monde n’est pas à l’aise avec le fait d’exprimer ses pensées, ses émotions et ses besoins. Il faut essayer de comprendre que nous ne réagissons pas tous·tes de la même manière. Nous avons des manières de nous exprimer différentes. C’est probablement déjà arrivé à la plupart d’entre nous d’avoir une discussion qui dégénère parce que nous avons mal pris ou interprété quelque chose. Pour éviter ce genre de dérive, il existe la méthode de la communication non-violente. Cette approche a été développée sur les principes d’écoute et de respect des besoins de chacun·e. Elle est souvent utilisée dans la relation parent·e·s-enfants. Pour apprendre cette technique de communication, il y a des formations spécifiques, avec des professionnel·le·s.
Principes de la communication non-violente
Nous pouvons nous inspirer de cette approche pour ouvrir et/ou apaiser la discussion avec nos partenaires :
- éviter les critiques et les réflexions négatives, du type « tu ne veux jamais avoir de relations sexuelles« , « j’en ai marre que tu cherches toujours avoir des rapports sexuels » ;
- éviter de crier ou hausser le ton. Même si la frustration est présente et que taon partenaire ne semble pas prêt·e à engager la discussion.
La communication non-violente repose sur 4 principes :
- Décris la situation sans jugement. « J’ai remarqué que nous ne faisions plus l’amour…« . Tu parles de toi et de ce que tu as constaté ;
- Exprime tes émotions par rapport à la situation. « … Ça me rend triste que nous ne fassions plus l’amour. J’ai l’impression que tu ne me désires plus…« . Tu expliques à taon partenaire comment tu te sens face à la situation ;
- Ecoute ce que taon partenaire a à te dire. Demande à taon conjoint·e ce qu’iel pense de la situation et si elle lui convient. Ne lui coupe pas la parole, laisse-le·la s’exprimer à son tour.
- Expose clairement tes besoins. « … J’aimerai que nous prenions deux heures toutes les semaines, pour nous retrouver juste tous les deux. Sans distractions, pour nous raconter nos journées, faire un massage et un câlin.«
Pour les personnes qui ne sont vraiment pas à l’aise pour exprimer leurs émotions et leurs ressentis, nous te proposons de mettre en place une « boîte à idées« . Le principe est de mettre à disposition une boîte où chacun·e d’entre vous pourra glisser :
- un ressenti par rapport à une situation ;
- un besoin particulier ;
- une idée ou un fantasme à proposer.
Vous déballez ensuite les petits papiers ensemble. Vous pouvez choisir d’en discuter tout de suite ou demander à pouvoir y réfléchir et en discuter plus tard.
Aller voir un·e professionnel·le de santé
De nombreux facteurs peuvent influencer ton désir tels que le stress ou de potentiels troubles sexuels. Si tu en ressens le besoin, n’hésites pas à prendre RDV avec un·e professionnel·le de santé pour t’aider à gérer ton stress par exemple. Il n’y a pas de honte à se faire aider lorsque nous en avons besoin. L’absence de sexe dans le couple peut générer un stress et une pression supplémentaires. Cela peut avoir un impact sur la santé mentale. Si la communication avec taon partenaire est difficile à ce moment-là, vous pouvez décider d’aller voir un·e sexothérapeute. Vous n’êtes pas obligé·e·s d’y aller ensemble. Les raisons de cette baisse de désir sexuel peuvent être nombreuses et propres à chacun·e. Aller voir un·e sexothérapeute peut t’aider à retrouver une vie sexuelle qui te convient et permettre d’apaiser les potentielles tensions de ton couple.
L’absence de relations sexuelles dans un couple peut être due à de nombreuses raisons. Parfois, cela peut devenir pesant mais ce n’est pas toujours le cas. Et surtout ce n’est pas une fatalité, cela ne veut pas dire que vous ne vous aimez plus. Il existe des solutions pour ton couple si cela vous impacte dans votre vie de couple. Si tu as besoin d’en parler, nous sommes là pour toi. Nous pourrons t’aider à réfléchir à ce dont tu as besoin, même si nous ne remplaçons pas un avis médical.